Une initiative a été lancée par plusieurs partis et mouvement de gauche pour demander la gratuité des transports publics. La question du financement sera au cœur des débats.
Emmenés par Laurent Debrot, député écologiste, les Verts, le POP, Solidarités, le Mouvement populaire des familles, les Jeunes pop et La Chaussure rouge (Association de défense de l’environnement) se sont réunis pour lancer une initiative cantonale demandant des transports publics gratuits
sans charge supplémentaire pour le canton. Le texte pose le principe de base. Celui-ci sera concrétisé par les instances cantonales si l’initiative aboutit.
«Le Canton mène une politique de gratuité des transports publics sans globalement réduire les prestations. Pour le financement, il peut notamment adapter les déductions fiscales liées aux frais de déplacements», peut-on lire dans le texte paru dans la Feuille officielle.
Un tiers du financement à trouver
Si l’idée séduit, la question du financement sera au cœur des interrogations non seulement pour les autorités politiques, mais également auprès d’une grande partie de la population. Pour convaincre, les initiants exposent quelques arguments. Ils rappellent ainsi que «les transports publics neuchâtelois coûtent annuellement 90 millions de francs. Un peu plus d’un tiers de cette somme est couvert par la billetterie, le reste étant à charge du canton (40%) et des communes (25%)».
Les finances cantonales étant au plus mal, comment demander une nouvelle dépense? Les protagonistes soulignent que «depuis peu, les déductions fiscales pour les frais de transports sont plafonnées au niveau fédéral aux coûts des transports publics. Si le canton de Neuchâtel appliquait la même règle, les rentrées de la billetterie pourraient être entièrement compensées». Cette seule mesure rend crédible la gratuité car elle ne change pas l’équilibre financier actuel.
Par ailleurs, outre les soutiens directs des collectivités, de nombreuses autres subventions offertes par les communes ou d’autres services à leurs citoyens pour le financement de leurs transports pourraient être supprimées: soutien aux écoliers, aux étudiants, aux personnes à faibles revenus, etc. Enfin, d’autres économies sont directement liées au principe de gratuité à savoir la suppression des distributeurs de billets, du contrôle des billets et une meilleure tenue des horaires grâce à la suppression des ventes de billets dans les bus.
Au niveau conceptuel, les initiants sont d’avis que les transports en commun peuvent être considérés comme un service de base, au même titre que l‘école ou les parcs publics. Vue sous cet angle, la gratuité prend tout son sens. Certains estiment que la gratuité augmenterait le vandalisme, mais de nombreux exemples dans divers pays démontrent tout le contraire car la gratuité apporte une amélioration de la convivialité. Personne ne se plaindrait d’une telle évolution. A l’heure des centralisations cantonales dans de nombreux domaines, se déplacer gratuitement partout dans le canton serait bon pour la cohésion cantonale!
Cinq bonnes raisons
Tout en adhérant à cette récolte de signatures, les popistes ont rendus attentif au fait que la limitation des déductions pour frais de déplacement ne devrait pas nuire aux salariés devant travailler dans des régions peu ou pas desservies par les transports publics ou à celles et ceux qui travaillent dans des tranches horaires ne correspondant pas à celles des transports publics.
En résumé, cinq bonnes raisons de signer l’initiative sont exprimées. L’attractivité des transports publics serait grandement améliorée. Les transports publics sont meilleurs pour notre planète et notre santé. Leur gratuité amènerait une image positive et dynamique du canton. L’économie locale serait bénéficiaire d’une telle mesure. La gratuité amènerait des simplifications à tous les échelons.
Gauchebdo, 19 octobre 2017, Alain Bringolf
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