Le peuple n’est appelé à voter que le 4 mars 2018, mais le combat provoqué par l’initiative «No Billag», visant à abolir la redevance radio-TV, fait déjà rage. «Non à l’attaque contre la diversité des médias suisses».
Accompagné d’un visuel choc montrant une botte étrangère écrasant les télévisions et radios suisses, le message diffusé aujourd’hui par le Parti démocrate-chrétien (PDC) sent la contre-offensive.
Alors que le peuple n’est appelé à voter que le 4 mars 2018, le combat provoqué par l’initiative «No Billag», visant à abolir la redevance radio-TV, fait déjà rage. L’enjeu est de taille: si l’initiative passe, les chaînes de radio et télévision de service public – mais aussi privées qui touchent la redevance – sont menacées de disparition.
Dérapages de partisans
Des mois avant l’échéance, l’objet provoque offensives et contre-offensives à répétition. En particulier sur les réseaux sociaux. Dans un tweet, la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) se voit qualifiée de «Pravda». Dans un autre, le chiffre d’affaires de Billag – l’organe qui perçoit la redevance jusqu’en 2019 –, atteignant 52 millions de francs, indigne. Il y a peu, une page Facebook affirmant faussement que les humoristes Vincent Kucholl et Vincent Veillon soutenaient l’initiative «No Billag» a fait polémique. Plus tôt dans ce mois de novembre fort agité, la plate-forme de financement participatif wemakeit a refusé son hospitalité à l’initiative visant à abolir la redevance.
«On assiste à des dérapages des partisans de «No Billag», estime Yannick Buttet, conseiller national (pdc, VS). «Je n’ai jamais vu une campagne aussi méchante et aussi négative. Surtout en Suisse alémanique, il y a des critiques violentes contre des présentateurs et des émissions de la SSR. C’est un âpre combat auquel je me prépare, notamment en prévision du débat que je dois animer dans le Haut-Valais face à la conseillère nationale zurichoise UDC Nathalie Rickli, qui défend l’abolition de la redevance.»
Médias locaux aussi menacés
Le PDC serre les rangs contre l’initiative et veut fédérer une solide opposition interpartis. Mais son affiche de propagande rappelle les images fabriquées par l’UDC lors de ses campagnes. «Cette botte symbolise la menace pesant sur les médias financés par la redevance: si le peuple accepte «No Billag», c’est la porte ouverte à l’expansion des chaînes étrangères en Suisse», explique Martin Candinas (pdc, GR). «Qui veut un match de foot Suisse-Allemagne commenté par une chaîne privée allemande? Notre communication est forte, mais elle répond à une initiative plus qu’extrême! Elle veut mettre fin à la diversité des médias en Suisse! Ce n’est pas seulement la SSR qui se voit menacée, mais aussi les télévisions et radios locales qui vivent à plus de 50% voire jusqu’à 75% de la redevance.»
Le conseiller national grison se sent d’autant plus concerné que son canton bénéficie de l’aide apportée aux médias et émissions destinés aux minorités. «En Suisse, il n’y a guère que Telezüri, parce qu’elle a un bassin de population suffisant et opère dans une région riche, qui puisse s’en sortir sans aide parmi les télévisions privées», ajoute Martin Candinas. «Mais les médias des autres régions n’ont pas cet avantage, non seulement aux Grisons et au Tessin mais aussi en Suisse romande. Nous avons besoin de cette solidarité sur laquelle repose la redevance. Cette initiative est vraiment une attaque contre les minorités et un coup mortel au service public. Que deviendront par exemple les émissions destinées aux malentendants et malvoyants s’il n’y a plus de redevance? Ce ne sont pas des médias entièrement privés qui vont se lancer dans ce genre de service qui ne rapporte rien.»
La Liberté / Le Courrier 27 novembre 2017, Pierre-André Sieber
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