Samedi, près d’une trentaine d’habitants, de syndiqués et d’élus de tous bords se sont mobilisés contre la fermeture du bureau de Poste de la commune de Chêne-Bougeries. Lancée samedi, une pétition demande au géant jaune de sauvegarder l’office de Chêne-Bougeries, le dernier d’une commune en pleine expansion démographique.
Une bise noire et un thermomètre flirtant avec le zéro degré n’auront pas réussi à démobiliser les défenseurs de la Poste de Chêne-Bougeries. Ils étaient près d’une trentaine d’habitants, syndiqués et élus de tous bords, PLR excepté, venus ce samedi matin, à grand renfort de thermos de thé et de biscuits de Noël, pour faire signer une pétition en faveur du maintien du dernier bureau postal de la commune, pourtant menacé de fermeture.
Population âgée et nouveaux quartiers
«Moi je m’en fiche, je peux marcher, mais comment ils feront, les petits papys et les petites mamies, pour envoyer leur courrier, s’ils n’ont plus de Poste à proximité», s’interroge une factrice. «Nous avons déjà perdu la Poste de Conches l’année passée. Il ne reste que cet office pour une ville de 11 000 habitants», abonde Marion Sobanek, conseillère municipale socialiste. Or la commune est celle qui recense le plus grand nombre de retraités en Suisse, soit un quart de sa population. «Il s’agit de personnes qui ne sont pas aussi mobiles que la Poste veut nous le faire croire et qui n’effectuent pas toutes leurs paiements sur internet.»
Une population vieillissante, mais aussi de nouveaux arrivants. «La commune est en plein développement. Douze quartiers sont en construction, soit des milliers de nouveaux habitants. Sans parler de la densification frénétique de la zone villas. A Berne, sont-ils même au courant?», questionne Catherine Armand, conseillère municipale du Parti radical de gauche.
Selon Michel Guillot, secrétaire régional de Syndicom, la direction du géant jaune poursuit uniquement une logique de rentabilité. Un objectif largement dépassé avec plus de 700 millions de francs de bénéfices annoncés pour 2017. «Le Conseil des Etats, après le Conseil national, vient d’accepter de réviser la loi sur les critères régionaux appliqués à la Poste. Nous exigeons donc un moratoire sur les fermetures de bureaux. Sinon tout aura été démantelé avant que la nouvelle mouture ne soit sous toit!» Le syndicaliste souligne également que dans chaque office travaillent des employés qui risquent le licenciement. «Ici ils sont trois, dont deux mères de famille. La Poste se fiche complètement de leur situation.»
Flux ininterrompu de clients
Du côté des usagers, dont le flux est ininterrompu, l’incrédulité domine. «Je veux que cette Poste subsiste, pour des motifs tout à fait égoïstes: je l’utilise beaucoup, cinq fois par semaine, car j’y effectue mes paiements, j’écris de nombreuses lettres… et je ne suis pas très organisée», explique Carole, fringante septuagénaire, dans un large sourire et avec une pointe d’accent britannique.
Même réaction chez Cinthia, 30 ans à peine. La laisse de son chien dans une main, un paquet à l’enseigne d’un célèbre magasin de vêtements en ligne dans l’autre, elle s’interroge: «La Poste de Grange-Canal, à côté de chez moi, n’existe plus. Si on ferme aussi celle-ci, où irai-je récupérer mes colis?»
Le Courrier, 04 décembre 2017, Christiane Pasteur
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