Le service public privatisé avec le soutien des socialistes

Une des dernières trouvailles du Conseil d’État, qui a déjà annoncé des économies en série, ne semble pas poser problème à ses trois ministres socialistes, pourtant directement concernés

: Monika Maire-Hefti, responsable du Centre de formation neuchâtelois pour adultes (CEFNA), Jean-Nathanaël Karakash, responsable du Centre interrégional de formation des Montagnes neuchâteloises (CIFOM), et Laurent Kurth, ministre des finances pour qui l’assainissement financier du canton semble passer par des économies dans tous les secteurs, excepté du côté des entreprises et des contribuables les plus riches.

Privatisation des cours de français
De quoi s’agit-il? Du transfert d’une subvention d’un montant de 660’000 francs du CEFNA, entité parapublique basée à La Chaux-de-Fonds et dépendante du CIFOM, à l’Ecole-club Migros, acteur privé. Cette subvention au CEFNA était destinée à des cours de français et d’alphabétisation, dispensés en priorité aux personnes arrivées dans le canton par le biais de l’asile. Désormais, c’est l’Ecole-club Migros (ECM), soit un acteur privé, qui reprendra cette activité. L’ECM proposait en effet, pour le même prix, plus de places de formation, explique le Conseil d’Etat. Ironie de l’histoire, le CEFNA avait l’habitude de donner «quelques cours pédagogiques aux formatrices de l’Ecole-club Migros», signale Arcinfo. Le média neuchâtelois note en outre que le CEFNA apparaît déjà dans la liste de quarante mesures d’économies présentées dernièrement par le Conseil d’État. Dès 2020, en plus de ce mandat perdu, il devra ainsi compter sur 700’000 francs de subventions étatiques en moins.

Pas de prise sur la décision
Décidément, la recherche d’économies semble supplanter toutes les règles d’intérêt public qui prévalaient jusqu’à présent. Par souci d’économies, le Conseil d’Etat, avec l’appui d’une certaine gauche, privatise maintenant une mission publique en faveur d’intérêts privés. Il semble que la morale a disparu et que tout est bon pour répondre à la pression continuelle des PLR. Daniel Ziegler, président du POP et député, en a parlé informellement à Monika Maire-Hefti, mais rien n’y fait, la logique d’économies prévaut. Précisons que les députés n’ont pas de prise directe sur cette décision. Ils ne peuvent que poser une question ou faire connaître leur opposition, mais ne sont pas habilités à changer la décision. La situation est pourrie et chaque jour de nouvelles aberrations apparaissent.

Au surplus, qu’une telle décision du Conseil d’État soit soutenue par ses trois ministres socialistes a de quoi alerter sur la dérive d’un parti qui défend théoriquement le socialisme, mais le concrétise de moins en moins en pratique. Comment le bon peuple peut-il faire des choix politiques cohérents si les idées émises par certains sont dévoyées de la sorte?

Gauchebdo, 22.12.2017, Alain Bringolf

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