Acidus : Ici les CFF nous montrent leur conception de la liberté d’expression !
Depuis le 1er janvier, militants politiques, associatifs et religieux ont à disposition un rectangle d’environ 1,5 m2 (!) pour distribuer des tracts ou récolter des signatures, sans avoir besoin d’autorisation préalable.
Les CFF ont défini une mini zone décentrée pour les actions politiques et religieuses à la gare de Lausanne.
A la gare de Lausanne, militants politiques, associatifs et religieux ont à disposition depuis le 1er janvier un rectangle d’environ 1,5 m2 pour distribuer des tracts ou récolter des signatures, sans avoir besoin d’autorisation préalable. Deux paires de pas sont dessinées, délimitant ainsi le nombre de personnes autorisées à militer au sein de la surface. Les passants ne doivent pas être délibérément arrêtés et la durée de l’action est limitée à 20 minutes consécutives.
Le petit espace réservé aux activités non lucratives est situé à la sortie sous gare en bas de l’escalier du passage sous voies. Et non pas aux abords de l’entrée principale, qui absorbe la grande majorité des pendulaires. «Nous avons cherché un emplacement qui ne dérange pas les flux de voyageurs mais où la fréquentation est suffisante pour une promotion efficace», souligne Frédéric Revaz, porte-parole des CFF.
Le petit rectangle des militants n’entre pas non plus en concurrence avec les deux espaces réservés aux opérations commerciales, distributions d’échantillons et recherches de fonds. Situés devant l’entrée principale et dans le passage sous voies qui donne accès au métro, ces emplacements sont loués via à la Société générale d’affichage (SGA) au prix de 4260 francs la journée.
Genève précurseure
Dans le canton de Vaud, seule Lausanne est concernée par le nouveau pictogramme. A Genève et à Zurich, le concept a été mis en place en août 2016 avant d’être étendu à Berne, Lucerne, Saint-Gall, Bâle et Winterthour. «Nous avions fait ce test à la suite du jugement du tribunal fédéral de 2012, qui décidait que les gares sont un espace public», explique Frédéric Revaz. La jurisprudence oblige l’ex-régie fédérale à accepter les actions politiques et religieuses entre ses murs. Dans la cité du bout du lac, le rectangle militant, placé dans un passage centré, est surtout prisé des groupes religieux. Quelques artistes y ont également fait dernièrement des performances.
A Lausanne, les partis politiques réservent un accueil mitigé au concept. «Le choix de l’emplacement est étonnant, il y a peu de passages. Et lorsque nous mobilisons des militants pour une distribution, c’est au minimum pour une heure, pas pour 20 minutes», note Alice Genoud, coprésidente du groupe des Verts. Selon l’élue communale, la récolte de signatures n’est de toute façon pas appropriée en gare, où les gens sont trop pressés. «Cette alternative élargit les options, mais 20 minutes, c’est vrai que c’est limité», juge pour sa part Loïc Hautier, président des jeunes libéraux radicaux.
Les partis sur la réserve
De manière générale, les partis lausannois préfèrent mener des actions aux abords de l’entrée principale de la gare. D’autant qu’il s’agit d’un territoire communal, où les actions à caractère politique ou à «but idéal» ne sont pas soumises à autorisation. Parfois, la limite entre le territoire fédéral et communal est dépassée, sans que les militants soient inquiétés. «Il ne faut pas que ce nouvel espace soit l’occasion pour les CFF de restreindre la souplesse actuelle», relève Benoît Gaillard, président du Parti socialiste.
Pour le porte-parole de l’ex-régie fédérale, l’espace n’a d’autres buts que de simplifier la vie des groupes à but non lucratif, en leur évitant de passer par une procédure d’autorisation qui dure plusieurs jours. Les éventuelles demandes pour un emplacement plus centré seront évaluées au cas par cas.
Le Courrier, 04 janvier 2018, Sophie Dupont
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