Deux audits livrent leurs conclusions sur les bonus accordés à Olivier Français et au président de la société en mains publiques. L’usine d’incinération Tridel, dans les hauts de Lausanne, a été mise en service en 2006. Deux rapports d’audit ont généré deux communiqués de presse pour la même histoire.
Celle des rémunérations extraordinaires accordées à l’actuel conseiller aux États Olivier Français et au président de Tridel SA, Stefan Nellen. L’une des enquêtes a été commanditée par la société elle-même, tandis que l’autre a été réalisée par le Contrôle des finances de Lausanne (CFL), à la demande de la Municipalité. Dans sa communication diffusée mardi, l’entreprise d’incinération de déchets «prend acte des deux audits indépendants de ses comptes 2016. Les rémunérations sont conformes au droit de la SA.» Pour sa part, la Ville «prend acte des conclusions de ces rapports, qui confirment les constats qu’elle a posés à l’été 2017, sans révéler d’autres manquements».
L’été dernier, la Municipalité de Lausanne avait tiqué sur les comptes 2016 de Tridel, entièrement en mains publiques. Les sommes consacrées aux rémunérations des administrateurs ont fait un bond de plus de 100 000 francs par rapport à l’exercice précédent. «Le conseil d’administration de la société Tridel SA a décidé en mai 2016 de verser un montant extraordinaire à deux de ses administrateurs, soit 80 000 francs pour Olivier Français, alors conseiller municipal et représentant à ce titre de la Ville de Lausanne, et 50′000 francs pour Stefan Nellen, président du conseil d’administration et administrateur-délégué», rappelle la Ville. Ces primes devaient récompenser l’investissement de ces deux personnes dans la construction de l’usine Tridel à la Sallaz, il y a plus de dix ans. M. Nellen a empoché 30′000 francs et fait un don à une institution culturelle avec le reste. La somme destinée à l’actuel conseiller aux États a, elle, été directement versée à des fondations qui sont «chères» à Olivier Français dans la commune d’Ormont-Dessus.
Pour le Contrôle des finances, M. Français aurait dû faire verser ses indemnités à la Ville comme le commande le règlement de la Municipalité de Lausanne. De plus, l’Exécutif communal dit «regretter» que ces rémunérations extraordinaires n’aient pas été annoncées lors de l’assemblée générale du 20 juin 2016. Ce qui aurait dû être fait selon les conclusions du rapport du CFL. L’auditeur mandaté par Tridel a une interprétation divergente. Il estime que «ces montants correspondent aux honoraires ordinaires» et n’avaient donc pas à être annoncés.
Quoi qu’il en soit, ces audits «rétablissent la confiance», pour Florence Germond, responsable lausannoise des finances: «La Municipalité avait besoin d’être rassurée parce qu’il y a eu une décision problématique pour la Ville de la part du conseil d’administration de Tridel», note la socialiste. La Ville ne va pas demander le remboursement de ces sommes parce qu’elles sont parties à des «œuvres d’utilité publique».
L’un des principaux intéressés, Olivier Français, déplore: «Je n’ai même pas été entendu. Dans aucun des deux audits. Il n’y a que Florence Germond qui a pris contact avec moi.» Le sénateur PLR dit ne pas trop s’intéresser aux conclusions des rapports: «Mais ça dit au moins que je n’ai pas triché, que j’ai agi de façon conforme au droit. En seize ans et un mois à la Municipalité de Lausanne, je n’ai jamais pratiqué l’enrichissement personnel.» Il avoue une «maladresse» mais n’est pas sûr qu’il ne referait pas les choses de la même façon. Sur la même ligne, le nouveau président du PLR Lausanne souligne «qu’Olivier Français n’a pas touché d’argent et que Tridel n’a pas de problème de gestion».
De l’autre côté de l’échiquier politique, le Vert Xavier Company n’est pas surpris: «Ce sont des confirmations de ce que nous avions compris.» Plus piquant, le président du Parti socialiste lausannois, Benoît Gaillard, émet deux «suggestions» à l’encontre de l’ancien municipal: «Pourquoi pas un petit soutien financier, dans le futur, pour une manifestation culturelle lausannoise? Cela pourrait être un joli geste vis-à-vis des contribuables de la ville.» La deuxième suggestion: «Cela pourrait être élégant qu’il fasse son mea culpa.» (24 heures)
24 Heures, 19.04.2018, Renaud Bournoud / Cindy Mendicino
(NB : c’est pour le moins surprenant que ces montants extraordinaires n’aient pas été annoncés lors de l’AG de Tridel ! et que par ailleurs de l’argent public soit versé à une personne qui touche déjà un salaire du public pour effectuer cette tâche… M. Français décide de verser ces sommes à des associations mais il les devait à la ville de Lausanne ! C’est étonnant qu’il puisse ainsi décider de ce qu’il est fait avec l’argent public sans consulter ses collègues… Une discussion avait déjà eu lieu il y a quelques années lors de son refus de rétrocéder une partie de ce qu’il touchait comme député alors qu’il été municipal, cela a occupé le conseil communal pendant quelques heures… Acidus)
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