Un oui à la loi sur les jeux d’argent préserve la manne de la Loterie romande. Les cantons romands ajoutent leurs voix aux partisans de la loi sur les jeux d’argent, soumise au verdict du peuple le 10 juin prochain.
Les six cantons membres de la Conférence romande de la loterie et des jeux ont donné rendez-vous à la presse au Théâtre de Vidy, à Lausanne. Ce lieu culturel emblématique, comme bien d’autres, est concerné par le scrutin: 2,5% (450 000 francs) de son budget dépend de la Loterie romande.
La Conférence, justement, a pour tâche de fixer un cadre aux jeux proposés par la Loterie romande et au système de répartition des bénéfices.
Le Matin, 28. avril 2018
Un sondage inquiétant
Le point de presse des ministres romands a beau se tenir à Lausanne, aucun représentant du Gouvernement vaudois n’y est physiquement. Président de la Conférence, le Fribourgeois Georges Godel prend sur lui: «La faute m’en incombe, j’ai essayé sans succès de trouver une date qui convienne à tout le monde, c’était la croix et la bannière…» Mais Philippe Leuba n’était pas loin, puisqu’il inaugurait au même moment un nouveau bâtiment dédié à la recherche sur le sport, sur le site universitaire de Dorigny.
Il ne faut pas voir dans cette absence l’ombre d’une divergence, ont insisté les autres ministres, venus des autres cantons. Certes, Vaud représente grosso modo un tiers des flux financiers de la Loterie romande (LoRo), mais son absence est anodine. Jean-Nathanaël Karakash le confirme: «Il n’y a aucune opposition parmi les cantons. Il s’agit de quelque chose qui marche, qui fonctionne depuis des années et que l’on risque de foutre en l’air si on se laisse avoir par des arguments qui ne résistent pas cinq minutes à l’analyse.» En verve, le ministre Neuchâtelois de l’Economie et de l’action sociale compare le référendum contre la loi sur les jeux d’argent à l’initiative No Billag. Hier la SSR était en danger, aujourd’hui c’est la Loterie romande, et c’est aussi Swisslos. Les trois sont des institutions «qui fondent la Suisse».
Hier à l’aube tombait pourtant un sondage national inquiétant pour cette chorale des cantons: c’est non à 53%, contre 42% de oui et 5% ne se prononçant pas (sondage en ligne Tamedia du 23 au 25 avril sur 7255 Suisses, marge d’erreur: +/–1,8 point). La légère avance du oui en Suisse romande est contrée par un net rejet chez les Alémaniques.
Les ministres se posent en protecteurs, à la fois des joueurs et des bénéficiaires de la manne de la LoRo. La nouvelle loi éloignera mieux que l’actuelle les mineurs des Tactilo dans les bistrots, et pour les casinos privés elle institue une seule liste noire nationale. Le blocage des sites de jeux étrangers permettra aussi de protéger les joueurs des fraudes. Jean-Luc Moner-Banet, directeur de la LoRo, explique aussi que la loi confirme la subvention de 2 millions, soit 0,5% du produit brut des jeux, à la lutte contre le jeu excessif. Enfin, plusieurs organismes bénéficiaires des dons œuvrent en faveur des victimes du jeu, notamment dans le désendettement et la lutte contre les addictions.
Santé, social, mais aussi sport, environnement, patrimoine et culture. Autant de domaines dits «d’utilité publique» largement alimentés par la manne de la LoRo. Le bénéfice de 2017 (217 millions) est réparti en des milliers de projets et d’institutions de toutes tailles, rappellent les conseillers d’Etat romands. Sans le blocage sur internet, la manne est en grand danger. Les sites de jeux basés à l’étranger ont en effet engrangé 260 millions en 2017. La loi actuelle permet à leur forte croissance de se poursuivre. Et dans 5 à 10 ans, la manne redistribuée aura fondu de moitié, mettent en garde les élus.
Lien du communiqué du POP sur la loi des jeux d’argent
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