La guerre du rail inquiète les syndicats. Dans une lettre, ils appellent les deux compagnies à la raison. BLS postule pour cinq lignes longue distance.
Dans la bataille du rail, le Syndicat du personnel des transports (SEV) tente d’agiter le drapeau blanc. Dans une lettre que nous nous sommes procurée, le SEV appelle BLS et CFF à stopper la surenchère. «Au nom de nos membres, nous vous prions instamment et urgemment de quitter le registre judiciaire et celui des menaces et de revenir à la table des négociations.»
Adressée aux membres de la direction et au conseil d’administration des deux compagnies ferroviaires, cette missive est datée du 8 mai. Soit quatre jours après la conférence de presse «coup de poing» du bouillonnant patron des CFF, Andreas Meyer. Ce dernier n’accepte pas que l’Office fédéral des transports (OFT) veuille octroyer deux «grandes lignes» au concurrent BLS. Il prévient que les billets vont augmenter et la qualité de l’offre baisser.
Des déclarations qui ont rajouté encore un peu d’huile sur le feu. Avec le temps, le renouvellement des concessions du trafic longue distance est devenu un dossier explosif. C’est surtout un marché juteux, puisqu’il s’agit souvent de liaisons rentables, alors que les lignes régionales sont subventionnées. C’est pour cette raison que BLS, numéro deux du marché, postule pour cinq lignes.
«La proposition de l’OFT n’est satisfaisante pour aucune des entreprises ferroviaires concernées»
«La proposition de l’OFT n’est satisfaisante pour aucune des entreprises ferroviaires concernées», écrit le SEV. Il n’imagine pas que BLS ait un intérêt à exploiter uniquement deux grandes lignes, et rappelle que les CFF ne veulent rien céder. «Il est temps de prendre du recul et de regarder la situation en face.»
Dans sa lettre, le SEV rappelle encore que l’une des pierres angulaires du système de transport public suisse est la coopération. «Il ne fonctionne que si on travaille main dans la main. Cette façon de faire n’est pas compatible avec la concurrence que souhaite introduire artificiellement l’OFT.»
Pour le SEV, le moment est venu de mettre fin à cette expérience de «libéralisation» avant qu’il ne soit trop tard. Le syndicat craint pour ses membres, mais aussi pour la qualité du service. Pour que chaque partenaire garde la face, il suffirait que BLS et CFF se mettent d’accord sur un partenariat comme cela a été fait avec la Schweizerische Südostbahn. Cette dernière a négocié une coopération stratégique: dès 2020, elle desservira deux lignes pour le compte des CFF.
Proposition de solution
Un spécialiste des chemins de fer évoque une autre sortie de crise possible. «Ce qui rend la pilule aussi amère pour les CFF, c’est que l’OFT a aussi décidé de fixer un rendement maximum de 8% sur le chiffre d’affaires. S’il revient en arrière sur ce point, les CFF pourraient accepter de céder deux lignes, d’autant plus qu’il ne s’agit pas des plus rentables.»
Le projet de l’OFT est en consultation jusqu’à mercredi 23 mai. Les CFF ont déjà prévenu qu’ils feraient recours s’il restait tel quel.
TdG, 21.05.2018, par Florent Quiquerez, Image: Keystone
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