Pendant une journée, La Poste a organisé un stand d’information au public devant l’office de la Riponne, à Lausanne ; nous informer donc, elle va. Au sujet de ses futurs services « itinérants » - les nouveaux techno-nomades – qui nous enverront leurs colis par drones et de ses « invitations » à assurer nous-mêmes une partie croissante de ses prestations – merci l’informatique – tout en percevant au passage des « commissions de plate-forme » qui deviennent toujours plus exorbitantes. De la calèche postale nous passons donc à la calèche-cul en somme, où la majorité des usagers se soumettent, se plient ou reprennent en chœur les antiennes de la performance technocrate garantissant nouveaux emplois – sans préciser lesquels, plans sociaux – que la collectivité paie, tout ceci garantissant en fait une accélération du passage des services postaux publics à l’entreprise privée, mais nous privant surtout définitivement du statut de bien collectif, seul susceptible de nous protéger encore – et très relativement – d’un commerce devenu particulièrement cynique, arrogant et décomplexé ; ceci au cours des deux dernières décennies particulièrement.
Mais comment s’étonner encore de la dérive postale dans l’ouragan libéral quand on constate que l’État lui-même organise la déchéance de ses propres services, main dans la main avec la grosse artillerie de la finance ; et ceci de façon croissante et au prétexte bien sûr des coûts de la lourdeur bureaucratique…qui ne fait pourtant rien d’autre qu’augmenter et se démultiplier en structures administratives privées, toutes en concurrences les unes avec les autres. On peut facilement juger de ce fait par l’augmentation vertigineuse des secteurs d’activités du tertiaire qui, en définitive, sont en grande partie constitués de services et d’administrations. On voit facilement, du coup, l’escroquerie intellectuelle ; qui pourtant ne se révélera au plus grand nombre que lorsque « l’obsolescence » de ce secteur sera également consommée et permettra enfin à sa précarisation, égale à celle qu’ont connu des secteurs aujourd’hui quasiment disparus.
Mais l’espoir a ceci de particulier qu’il ne s’érode qu’au contact de la réalité ; échelle de perception de la vie qui, pour la plupart d’entre nous semble avoir totalement disparu.
Patrick Rion
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