Front romand contre les exportations d’armes

Le GSsA coordonne la protestation qui émerge en Suisse romande et sera relayée par la gauche et les Verts auprès des Parlements cantonaux. Les militants arborant des masques de conseillers fédéraux ont symboliquement franchi la ligne rouge. KEYSTONE

Matériel de guerre

Un front romand se mobilise contre l’assouplissement des exportations de matériel de guerre vers les pays en conflit interne. Des textes ont été ou seront déposés auprès des Grands Conseils pour demander au Conseil fédéral de faire machine arrière.

“La Suisse va franchir une nouvelle ligne rouge ensanglantée”, a expliqué lundi devant la presse Muriel Waeger, co-secrétaire romande du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA). Pour imager leur propos, des militants arborant des masques de conseillers fédéraux et portant des caisses de munitions ont joué cette scène en plein cœur de Lausanne, sur fond de drapeau suisse.

Le GSsA coordonne la protestation qui émerge en Suisse romande. Elle sera relayée auprès des Parlements cantonaux par les Verts et le PS, avec l’appui de la gauche radicale, du centre et, espèrent-ils, quelques voix au sein du PDC et du PLR. Une résolution a déjà été votée à Genève. Des interventions parlementaires sont en préparation dans les autres cantons romands, avant ou après l’été.

Des vies en jeu

“Le Conseil fédéral ne voit pas les vies humaines qui sont en jeu derrière cet assouplissement”, a expliqué Julien Repond, co-secrétaire du GSsA. La Suisse exporte déjà du matériel vers des zones en guerre, notamment vers la Turquie qui est en “conflit ouvert” avec la Syrie ou l’Arabie saoudite impliquée au Yémen.

“Comment rester neutre dans ces conditions ? Le rôle de la Suisse comme médiateur est compromis”, a ajouté Léonore Porchet, députée vaudoise (Verts). “Il faut avoir une position ferme. Il est irresponsable de vendre à des pays en guerre”, a renchéri Michael Dupertuis, secrétaire général des Vert’libéraux vaudois.

Nouvelle majorité

L’arrivée d’Ignazio Cassis a renversé la majorité au sein du Conseil fédéral, a expliqué Julien Repond. L’ancien conseiller fédéral Didier Burkhalter était opposé à un assouplissement de l’Ordonnance sur le matériel de guerre (OMG), a-t-il rappelé.

L’ordonnance actuelle interdit d’exporter si le pays est impliqué dans un conflit armé interne ou international. Il devrait désormais être possible d’accorder une autorisation s’il n’y a aucune raison de penser que le matériel sera utilisé dans un conflit armé interne. La dérogation ne s’appliquerait pas à des pays rongés par la guerre civile comme le Yémen ou la Syrie, a assuré le Conseil fédéral.

Réactions en nombre

L’explication n’a pas rassuré tout le monde. “Nous avons rarement reçu autant de réactions”, a constaté Julien Repond.

Dans le canton de Vaud, une initiative cantonale sera traitée ce mardi au Grand Conseil, ou la semaine prochaine. Un moyen de pression qui permet d’interpeller l’Assemblée fédérale et le Conseil fédéral. Car cet assouplissement n’est pas soumis à référendum et ne requiert par l’approbation des Chambres fédérales.

Le Courrier, 25 juin 2018, Sophie Dupont/ATS

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