Vaud : Compromis pour l’accès au dentiste

Après le rejet de l’assurance pour les soins dentaires en votation, les députés veulent des aides ciblées. Ils ont
tricoté un compromis avec des mesures ciblées pour éviter que les Vaudois renoncent au dentiste par peur de la facture. S’ils s’y sont cassé les dents en commission, les élus ont validé la proposition au plénum à la quasi-unanimité. Seule la gauche radicale a rejeté un texte qu’elle a qualifié d’«alibi».

(Acidus : Bien sûr, après s’être opposés a une assurance étatique pour les soins dentaires, les partis de droite du Grand Conseil proposent la “promotion d’une couverture privée” !)

La campagne de la votation sur l’assurance pour les soins dentaires portée par la gauche et refusée à 58% en mars dernier, avait révélé qu’une partie de la population évite les soins à cause de leurs coûts. La droite avait plaidé pour des aides ciblées, qu’elle a soutenues hier en votant pour la motion de la Vert’libérale Claire Richard. En échange, elle exige que le Conseil d’État abandonne la taxe sur les boissons sucrées. Cette mesure de financement des aides pour l’accès aux soins dentaires avait été présentée par Pierre-Yves Maillard comme contre-projet à l’initiative. Elle est désormais enterrée.
La proposition de Claire Richard demande au Conseil d’État de réfléchir à la prévention et à des examens réguliers pour les jeunes et les personnes âgées ou en situation de handicap. Les résidents d’EMS doivent être mieux pris en charge et, enfin, il est proposé que l’État octroie des prêts sans intérêts pour les personnes qui passent entre les gouttes
des régimes sociaux et n’arrivent pas à faire face à une facture trop élevée.

Pas tous égaux
«La population n’a pas voulu d’une initiative étatisante aux coûts exorbitants. Si le groupe PLR rejette tout dispositif d’arrosoir, il n’est pas opposé à des mesures ciblées», a indiqué Christelle Luisier Brodard, également auteure d’une
motion. En commission, la Société suisse des médecins dentistes – qui s’était fortement opposée à l’initiative – a confirmé que tout le monde n’est pas égal face au risque de carie. Selon les professionnels, des contrôles plus poussés que les dépistages actuels permettraient d’identifier au plus tôt les jeunes à risque. «Des efforts de promotion pour une couverture privée dès la naissance doivent être faits par une meilleure information et des coups de pouce financiers», a poursuivi la députée.

«Que du vent»
Ensemble à gauche a reproché à la droite de ne «vendre que du vent». «Cette motion propose d’initier une réflexion globale, alors que nous avons besoin de concrétiser des mesures pour répondre à des situations d’urgence», a dénoncé Jean-Michel Dolivo, unique représentant du rapport de minorité.
Socialistes et Verts soutiennent «timidement» la motion, sachant que le projet cher à la gauche de taxe sur les boissons sucrées serait de toute façon balayé par la majorité de droite du Grand Conseil.
«C’est un grand crève-cœur de n’avoir pas pu aller dans la direction que nous voulions», a noté la socialiste Jessica Jaccoud. La députée estime que la motion ne doit mettre en aucune manière en échec d’autres mesures portées par le Conseil d’État.

La gauche n’est pas emballée par la proposition d’un prêt sans intérêts aux patients qui peinent à payer leur facture de dentiste. «Le canton met en place des mesures de sensibilisation à l’endettement. En même temps, on incite la population à s’endetter à nouveau», a noté le Vert Vassilis Venizelos.

Le groupe PDC Vaud libre, qui avait cosigné la motion de Claire Richard, a soutenu le texte final. L’UDC également, tout en s’assurant que la taxe sur les boissons sucrées était bel et bien abandonnée.

Le conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard a salué une «voie médiane» qui ouvre la perspective de modifications légales pour assurer une meilleure couverture des soins dentaires. Le ministre ne lâche pas sans déception son projet de taxe sur les sodas: «Quand le Conseil d’État viendra avec des propositions de financement, il y aura des contestations. Nous avions trouvé des solutions qui nous semblaient peu douloureuses. Nous étions un peu en avance mais je suis convaincu que cette idée reviendra», a-t-il déclaré.

SOPHIE DUPONT, Grand Conseil
LE COURRIER, 12 SEPTEMBRE 2018

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