Mauro Poggia critique le trop-plein des assureurs maladie pour 2018. Le Valais grimace devant les hausses et le Jura est fâché contre l’OFSP. Comparis craint le pire pour 2020. Les assureurs ont actuellement 8,4 milliards de francs de réserves, soit 3,8 milliards de francs de plus que ce qu’exige la loi, selon Mauro Poggia.
Le conseiller d’État genevois Mauro Poggia a de nouveau soulevé le problème des réserves trop importantes accumulées par les caisses maladie. «On appauvrit les gens, alors que l’on est assis sur un tas d’or», a noté le magistrat, réagissant à l’annonce des primes pour 2019.
Les assureurs ont actuellement 8,4 milliards de francs de réserves, soit 3,8 milliards de francs de plus que ce qu’exige la loi, a relevé Mauro Poggia. Concernant la hausse des primes pour Genève, le conseiller d’Etat a estimé qu’elle était moins élevée que ce que craignait le canton. L’augmentation correspond plus ou moins à celle des coûts de la santé. «Nous prévoyons une hausse de 1,7% pour 2019», a-t-il fait savoir. Pour juguler les coûts, une solution consisterait à forcer le virage de l’ambulatoire, car moins cher que le stationnaire. L’ambulatoire est actuellement pris en charge par les assureurs.
«Les cantons seraient prêts à y participer, mais il faudrait en échange qu’ils puissent avoir le pouvoir de réguler l’installation de nouveaux cabinets sur leur territoire», a indiqué Mauro Poggia. Pour le conseiller d’Etat, il existe un lien évident entre l’offre médicale concentrée en milieu urbain et les coûts de la santé.
Le Jura dénonce la manière de communiquer
La hausse moyenne des primes maladie dans le canton du Jura est à nouveau plus élevée que la hausse moyenne suisse. Mais au-delà de cette augmentation de 2,4%, le Gouvernement jurassien dénonce le manque de transparence de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le canton déplore que Berne a décidé cette année, «sans aucune consultation des cantons», de changer la manière de calculer la prime moyenne. Il regrette en particulier que les cantons aient été informés de ce changement moins de 24 heures avant leur publication.
Le Département jurassien de l’économie et de la santé explique qu’il juge cette manière de communiquer de la part de la Confédération totalement irrespectueuse. «La transparence demandée aux assureurs n’est en tout cas pas améliorée avec ce genre de modifications de dernière minute», écrit le canton du Jura dans un communiqué. Il estime que la surveillance exercée par l’OFSP demeure encore lacunaire, par exemple pour la multitude de modèles alternatifs proposés.
Un signe d’urbanisation du Valais
L’augmentation de la prime moyenne est le reflet de l’évolution des coûts de la santé dans le canton, a indiqué de son côté l’Etat du Valais «La population valaisanne s’urbanise et recourt davantage aux prestations médicales.» Le canton du Valais subira l’an prochain la hausse la plus forte, avec 3,6%, pour une moyenne nationale de 1,2%. Depuis quelques années, les coûts valaisans à charge de l’assurance obligatoire des soins augmentent ainsi davantage qu’en moyenne suisse, précise le communiqué.
Les hausses les plus importantes sont constatées dans le domaine ambulatoire (4,8% pour les consultations chez les médecins indépendants et 3,9% pour les traitements ambulatoires dans les hôpitaux et cliniques), ainsi que dans les soins de longue durée (4,4% pour les établissements médico-sociaux et les soins et l’aide à domicile).
«L’augmentation constante des primes pèse toujours plus lourd sur le budget des ménages», déplore le gouvernement valaisan. «C’est particulièrement le cas pour les personnes et familles de condition économique modeste». Les primes des enfants de ces familles seront subsidiées à hauteur de 60% en 2019, contre 50% cette année.Pour compenser cette hausse, le Valais a prévu une enveloppe budgétaire de 192,6 millions de francs.
USS: davantage de subsides
La hausse moins forte cette année ne doit occulter le fait que les primes de l’assurance maladie continuent de grimper. L’Union syndicale suisse (USS) met lundi le doigt sur le fait que ces hausses à répétition continuent de creuser les inégalités sociales. Les coûts de la santé continueront à augmenter notamment en raison du vieillissement de la population. Mais que les primes aussi doivent augmenter pour les classes de revenu inférieures et moyennes n’est pas une fatalité, indique l’USS dans un communiqué.
Les subsides pour les primes de l’assurance maladie sont le correctif social à la répartition inégale des coûts de la santé, mais elles ont été diminuées dans de nombreux cantons. En 2017, 11 cantons ont dépensé moins d’argent pour ces réductions de primes qu’ il y a dix ans, alors que les primes ont fortement augmenté.
L’initiative populaire lancée la semaine dernière par le Parti socialiste suisse pour plafonner les primes à 10% du revenu des ménages est une piste, selon l’USS. Parallèlement, la participation directe des assurés, qui bat des records en Suisse, ne doit pas continuer à augmenter, poursuit la cellule syndicale, qui se battra également contre l’adaptation automatique des franchises à l’évolution des coûts.
Hausse massive redoutée par Comparis
De son côté, Comparis, le comparateur en ligne, met aussi en garde. Par le passé, chaque augmentation de prime inférieure à la moyenne a conduit à une hausse massue les années suivantes, a-t-il relevé dans un communiqué. Il salue encore le changement de calcul adopté par l’Office fédéral de la santé publique, qui donne selon lui une image plus fidèle des primes. (ats/nxp)
TdG, 24.09.2018
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