La Ville et la Poste ne parviennent pas à trouver un accord sur l’avenir de certains offices. Le Conseil administratif s’oppose notamment au déplacement de la poste des Charmilles et à la suppression de celle de la rue du Stand. Selon une enquête, une majorité des utilisateurs de l’office des Charmilles est opposée à son déplacement. JPDS
Dans un communiqué diffusé mercredi, la Ville de Genève déclare ne pas trouver de terrain d’entente avec la Poste concernant le sort d’offices situés sur son territoire. En début de semaine, des discussions ont eu lieu avec l’ex-régie fédérale au sujet des filiales qu’elle souhaite déplacer, supprimer, voire rénover. Mention est faite en particulier du bureau des Charmilles qu’il est prévu de déménager à 350 mètres de son emplacement actuel, au sein du centre commercial Planète Charmilles. L’été dernier, la Ville avait obtenu un sursis de la part de Postcom, l’organe de conciliation désigné par le Conseil fédéral (notre édition du 31 août 2017). Celui-ci avait rappelé à la Poste son obligation de négocier avec les communes concernées.
«Redynamiser le centre commercial»
Dans la foulée, le géant jaune s’est empressé de rappeler que l’office des Charmilles «fait partie des filiales garanties jusqu’en 2020 dans le cadre de la transformation du réseau postal»; il énumère les raisons du transfert: surface disponible, possibilité de passer de sept à huit guichets, accessibilité et meilleure attractivité. Les commerçants de Planète Charmilles se réjouissent de l’installation de la Poste dans ce centre commercial. Ils ont d’ailleurs réuni 4242 signatures de soutien dans une pétition déposée fin septembre et demandant aux autorités d’accepter ce déménagement. «Cela faciliterait la vie des habitants ainsi que des commerçants et permettrait de redynamiser le centre commercial qui en a grandement besoin», motive Karakin Koese, président de l’association réunissant cinquante commerces du centre.
Lien social
Fin 2017, la Ville mandatait un organisme indépendant dans le but de mener une enquête auprès des utilisateurs de l’office des Charmilles. Les résultats montraient qu’une majorité d’entre eux étaient opposés à un déplacement à Planète Charmilles et considéraient que l’office postal jouait un rôle important dans le lien social. Celui-ci est aussi souligné par Esther Alder, conseillère administrative à la tête du Département de la cohésion sociale et de la solidarité. «La Ville ne veut pas cautionner le démantèlement à terme des offices de poste, indique-t-elle encore. Elle défend dans le quartier des Charmilles, comme ailleurs, les valeurs du service public et la qualité des prestations à la population.»
Esther Alder assure que le Conseil administratif prendra connaissance de la pétition des commerçants. Elle poursuit toutefois: «Je ne défend pas les intérêts d’un centre commercial ni ceux d’une ex régie fédérale qui s’engage sur la voie de la rentabilité à tous crins, qui d’un côté fait des bénéfices massifs et diminue les prestations au public de l’autre.»
Le Courrier, 11 octobre 2018, Chloé Veuthey
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