La banque critique l’environnement économique et réglementaire et propose dorénavant des tarifs qu’elle juge «usuels pour la branche». Les clients domiciliés à l’étranger sont aussi touchés. Les écarts tarifaires entre les banques sont très élevés, selon une étude.
PostFinance ne peut pas offrir des crédits et des hypothèques. Ses marges sont fortement sous pression sous l’effet des taux négatifs et d’une tendance à la numérisation qui rend ses infrastructures relativement coûteuses, pointait l’établissement le 8 août dernier au moment où il confirmait la suppression de 500 postes. Ce mercredi Hansruedi Köng, directeur général de PostFinance, a expliqué dans un communiqué: «Nous ne pouvons plus nous permettre de proposer des prestations à des prix qui ne couvrent pas, et de loin, nos coûts.» L’institut accuse l’environnement économique et la réglementation.
La décision du Conseil fédéral du 5 septembre dernier, qui lui donnerait accès au marché des prêts, n’est pas encore actée, si bien que le géant jaune se doit d’agir pour protéger sa santé financière.
Cinq changements
Concrètement, PostFinance – qui compte 2,7 millions de clients privés et 300000 clients commerciaux – procède à cinq changements. Premièrement, elle introduit, dès le début de l’année prochaine, une taxe de 5 francs sur la tenue de compte pour les clients privés dont la fortune est supérieure à 7500 francs. Jusqu’ici, cette taxe n’était payée que pour les avoirs inférieurs à ce niveau.
Deuxièmement, les clients qui disposent d’un actif supérieur à 25 000 francs sur leur compte privé paieront une taxe mensuelle de 5 francs, alors que le coût était gratuit auparavant. Troisièmement, les extraits de compte mensuels sur papier ne seront plus gratuits mais coûteront 1 franc par mois. Quatrièmement, le renseignement sur l’avoir en compte demandé par téléphone et au guichet (sans PostFinance Card) coûtera 4 francs par demande après avoir été gratuite jusqu’ici.
Enfin, la clientèle commerciale paiera 30 francs par an pour chaque PostFinance Card, alors qu’actuellement deux cartes sont gratuites.
Les clients domiciliés à l’étranger sont également touchés, dans la mesure où ils paient 25 francs de plus que les épargnants locaux, selon le porte-parole. S’ils ont un avoir supérieur à 25 000, la taxe sera donc de 30 francs par mois.
Des clients exemptés
Les clients privés au bénéfice de produits de placement à hauteur d’au moins 25 000 francs, d’une assurance vie ou d’une hypothèque profiteront encore d’une gestion sans frais.
Malgré ces relèvements de prix, le directeur général est d’avis que «PostFinance incarne la manière la plus simple de gérer l’argent et un rapport qualité-prix équitable, et cela restera ainsi à l’avenir». Il reconnaît toutefois que ces décisions ne réjouiront pas la clientèle.
Deux facteurs stratégiques
La tendance à l’augmentation des tarifs bancaires est générale, si l’on en croit une analyse du site de comparaison Moneyland.ch et du Finanz und Wirtschaft de mercredi. Deux facteurs conduisent les banques à réagir. D’une part, celles-ci veulent continuer d’offrir un taux d’intérêt positif sur les comptes privés. Jusqu’ici, seule la Banque Alternative Suisse (BAS) répercute les taux négatifs sur ces derniers. Benjamin Manz, directeur de Moneyland, souligne aussi la volonté des différents établissements de rendre plus attractifs les paquets de prestations.
Les comparaisons de tarifs peuvent réduire les frais de plusieurs centaines de francs par an, comme le montre l’analyse de la FuW. Pour le compte privé, il en ressort, selon les cas, que la BAS, les grandes banques et Raiffeisen sont chères, alors que jusqu’ici PostFinance sortait son épingle du jeu.
Le Temps, , Emmanuel Garessus, 10.10.2018
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