Le syndicat va préparer une initiative pour assurer un revenu décent aux retraités. Elle sera lancée au printemps. Une 13e rente AVS s’impose, estime l’Union syndicale suisse (USS). Ses délégués, réunis vendredi en congrès à Berne, ont chargé les instances du syndicat de préparer une initiative populaire en ce sens. Elle doit être lancée au printemps.

«La prévoyance vieillesse est en difficulté: les rentes baissent alors que les cotisations augmentent», écrit l’USS dans un communiqué. Les personnes qui partent à la retraite maintenant ou bientôt touchent une rente inférieure à celle de la génération précédente.

Augmenter les rentes AVS est la solution la meilleure et la plus sensée financièrement pour assurer un niveau décent des rentes. C’est particulièrement important pour les femmes, qui sont souvent défavorisées en la matière, souligne l’USS.

Les rentes du 2e pilier diminuent d’année en année, alors que la Suisse est de plus en plus riche et les gens qui exercent une activité professionnelle versent des sommes plus importantes chaque année dans leur caisse de pension. En cause, selon l’USS: des taux d’intérêts bas et les bénéfices que les banques et les compagnies d’assurance tirent du 2e pilier.

Dépendants des prestations complémentaires

Les rentes augmentent, elles, parce qu’elles sont adaptées au renchérissement et partiellement à l’évolution des salaires, ce qui est positif. Mais elles sont toujours à la traîne par rapport aux salaires. En outre, les primes maladie absorbent une part toujours plus importante des rentes. De plus en plus de rentières et rentiers AVS dépendent dès lors des prestations complémentaires.

En raison de la baisse des rentes du 2e pilier, couplée à l’augmentation du coût de la vie, la Suisse s’éloigne de plus en plus de l’objectif constitutionnel qui stipule que la caisse de pension et l’AVS doivent, ensemble, permettre de «maintenir de manière appropriée le niveau de vie antérieur».

Seul un renforcement de l’AVS peut assurer un niveau décent des rentes pour les retraités: c’est pourquoi l’USS veut une 13e rente AVS, au même titre que le 13e salaire versé à la majorité des salariés.

Caractère éminemment social

Cela a un coût, reconnaît le syndicat. Mais pour les revenus faibles et moyens, l’AVS reste la prévoyance vieillesse présentant le meilleur rapport prix-prestation, aussi grâce à son caractère éminemment social, rappelle l’USS: elle permet à plus de 90% des salariés de toucher plus de rente que ce qu’ils ont cotisé.

Les femmes surtout profiteraient d’un renforcement de l’AVS, puisqu’elles n’ont souvent qu’une petite rente, voire aucune. Mais aussi parce que le travail non rémunéré d’éducation et de soins, contrairement au 2e pilier, contribue à augmenter les rentes AVS.

Pour toutes ces raisons, les délégués de l’USS ont donné mandat au comité d’élaborer un texte d’initiative pour une 13e rente AVS.

Des salaires suisses en Suisse

Les délégués de l’USS ont par ailleurs mené une action pour exiger que des salaires suisses soient payés en Suisse. Ils ont dessiné symboliquement sur un pont de Berne la «ligne rouge» que le Conseil fédéral ne doit pas franchir.

Au lieu de démanteler les mesures de défense des salaires, il faudrait plutôt les renforcer, ont-ils exigé, estimant que la protection des salaires a stagné ces dernières années en Suisse.

Les délégués ont par ailleurs réaffirmé que l?engagement en faveur des mesures d?accompagnement constitue aussi un combat pour une Europe sociale, combat mené par le mouvement syndical européen. Car la sous-enchère salariale est un problème dans toute l?Europe.

Le congrès de l’USS dure jusqu’à samedi, avec l’élection à la présidence. La conseillère nationale Barbara Gysi (PS/SG) et le conseiller d’Etat vaudois Pierre-Yves Maillard sont en lice pour succéder à Paul Rechsteiner, qui se retire après vingt ans passés à la tête de l’USS.

(ats/nxp) Le Matin
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