Entre 3000 et 4000 personnes ont participé mardi à un débrayage d’une heure dans la fonction publique fribourgeoise. Elles protestaient contre les modalités de l’assainissement en discussion de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg (CPPEF)
Un débrayage, une première à Fribourg dans une telle ampleur, s’est tenu entre 9h00 et 10h00 ce mardi. Organisé à l’appel du Syndicat des services publics (SSP) et de la Fédération du personnel de l’État (FEDE), qui tous deux rejettent les propositions du conseiller d’État Georges Godel, il est survenu dans un contexte tendu.
La mobilisation des employés pour la défense de leurs retraites a ainsi dépassé 50% au collège Sainte-Croix à Fribourg, ont indiqué à Keystone-ATS des enseignants. «Cela fait plaisir de constater la motivation des gens dans un canton où l’on est peut habitué à contester», a relevé l’une d’entre elles d’origine neuchâteloise.
Satisfaction de mise
Sur le site principal du Conservatoire de Fribourg (COF), à Granges-Paccot, la mobilisation s’est révélée forte aussi. «Beaucoup de professeurs sont venus en dehors de leurs heures de travail», a noté Marlyse Fasel, représentante du corps enseignant du COF, sachant que les cours se donnent l’après-midi dans ce domaine.
La satisfaction était aussi de mise du côté des organisations de défense du personnel. «La mobilisation a été très importante», s’est réjoui Gaétan Emonet, porte-parole de la FEDE. Chaque site ou entité (écoles, hôpitaux, services administratifs et équipes sur le terrain) devait prendre une photo de groupe pour marquer l’événement.
«Dans les écoles primaires, le débrayage a duré entre 30 et 45 minutes, les élèves s’étant vus confier une activité», a précisé Gaétan Emonet, par ailleurs coprésident de la Fédération des associations fribourgeoises d’enseignants (FAFE). L’ensemble de la mobilisation s’est tenu dans une ambiance bon enfant.
Nouvelle rencontre
De son côté, Gaétan Zurkinden, secrétaire régional du SSP Fribourg, s’est montré enthousiaste. «C’est une très belle journée». Selon des estimations, quelque 350 personnes ont participé dans les collèges, autant dans les cycles d’orientation. Les hautes écoles et l’Université étaient aussi de la partie.
Dans les écoles primaires, le nombre a atteint entre 500 et 600 grévistes à travers le canton. Du côté de l’Hôpital fribourgeois (HFR), les organisateurs ont compté 150 à 200 personnes. Avant le débrayage, le SSP et la FEDE avaient rappelé ne pas vouloir à ce stade perturber le bon fonctionnement des services de l’État.
«Si le Conseil d’État ne revoit pas sa copie, le personnel n’hésitera pas à faire le pas de la grève», a averti toutefois lundi le SSP. Une nouvelle réunion entre les représentants du personnel et le Conseil d’État se tiendra le 8 mai. Le 20 février, près de 4000 employés avaient déjà manifesté dans les rues du chef-lieu cantonal.
Caractère illicite
Début avril, la situation s’était tendue après le message délivré par le gouvernement, selon lequel le mouvement était considéré comme «illicite». L’exécutif estime que les participants risquent des sanctions dans la mesure où, la négociation étant en cours, il n’y a pas lieu d’engager des mesures envisageables en dernier recours.
Le dossier de la réforme de la CPPEF, qui compte plus de 19 000 assurés, occupe le devant de la scène politique et sociale depuis plusieurs mois dans le canton de Fribourg. En vertu des exigences fédérales, le degré de couverture des engagements totaux de la caisse de pension devra atteindre au moins 80% d’ici à 2052.
Si rien n’est fait d’ici là, le taux de la CPPEF pourrait refluer à 45%. D’où l’assainissement mené par le grand argentier Georges Godel. La réforme prévoit une baisse du taux d’intérêt technique (le rendement moyen espéré) de 3,25 à 2,25%, et le passage d’un régime de primauté des prestations à un régime de primauté des cotisations.
Le Temps, 30.4.2019
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