Fin août, en catimini et de façon verbale, PostFinance a annoncé à MediCuba-Suisse qu’elle cessait tout trafic de paiement avec la Grande Île. Pour l’association, fondée en 1992, ce canal financier est vital. Il lui permet de financer ses missions sur place de renforcement du savoir-faire des professionnels de la santé, de décentralisation du système médical et de rénovation des équipements.
En 2013, UBS et Crédit suisse avaient déjà coupé les ponts avec Cuba pour plaire eux exigences étasuniennes. «Il n’y a pas eu d’explication «officielle» de la part de PostFinance, mais il ne faut pas aller bien loin pour comprendre les raisons: blocus et pression américaines sur la place bancaire helvétique. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, l’application de la politique du blocus n’a cessé de se renforcer, allant jusqu’à une traque permanente des transactions financières cubaines et des opérations bancaires et de crédit avec Cuba à l’échelle mondiale. Si les préjudices économiques pour l’île sont gigantesques, les conséquences sociales et humaines sont, quant à elles, dramatiques. Le blocus est devenu le plus grand obstacle à la mise en! œuvre du Plan national de développement économique et social du pays, au Programme de développement durable à l’horizon 2030, aux objectifs de développement durable et, en général, par sa nature extraterritoriale, aux relations économiques, commerciales et financières entre Cuba et le reste du monde», explique MediCuba-Suisse dans un communiqué.
Éclaircissements demandés
L’association rappelle aussi qu’elle est financée par des dons de la population suisse, de cantons, communes, fondations et même par la Direction du développement et de la coopération (DDC) et s’insurge. «Est-ce que la Confédération doit permettre qu’une institution publique se plie à aux pressions étrangères, sans broncher et sans se soucier des préjudices causés aux citoyens, aux PME ou aux organisations helvétiques?», s’interroge-t-elle.
Face à ce déni de justice, le comité de MediCuba exige dorénavant une explication officielle de la part de PostFinance, du groupe de la Poste, et demande au Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) de prendre les mesures nécessaires afin de permettre aux organisations et citoyens suisses de faire valoir leur droit à réaliser des transactions bancaires vers Cuba.
De son côté, le conseiller national neuchâtelois du POP, Denis de la Reussille a déposé le 16 septembre une interpellation à l’attention du Conseil fédéral pour obtenir des éclaircissements dans cette affaire et en connaître les responsables. Rappelant que «la Suisse offre depuis des années ses bons offices dans les relations Cuba-USA et que fort heureusement notre pays vote chaque année à l’ONU pour la levée du blocus des USA imposé à Cuba contre l’avis de toute la communauté internationale». Il interpelle le gouvernement pour savoir s’il compte intervenir afin de rétablir la situation antérieure et le cas échéant prendre des mesures à l’encontre des personnes responsables de cette décision préjudiciable.
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