Voici les principales propositions des partis d’opposition LFI, LR, PS, RN et EELV sur les retraites, avant la journée de grève de ce jeudi 5 décembre contre la réforme du gouvernement.
La France insoumise (LFI)
Pour un départ à 60 ans en cas de carrière complète mais aucune pension inférieure au Smic (1 326 €).
Propose :
- Un minimum vieillesse à 1 041 €, c’est-à-dire au-dessus du seuil de pauvreté.
- Une augmentation, par décret en ce qui concerne le Smic, des salaires pour augmenter le montant de cotisations. Une hausse de 1 % « c’est 2,5 milliards d’euros de cotisations en plus », selon le numéro 2 de LFI, Adrien Quatennens.
- La suppression de l’inégalité des salaires entre femmes et hommes.
- « Une contribution des revenus du capital ».
- « La réhabilitation de la cotisation ».
Les Républicains (LR)
Les Républicains sont gênés sur cette réforme, qui s’inscrit dans la continuité de chantiers lancés par la droite, que ce soit l’alignement du public sur le privé (tenté par Alain Juppé en 1995, engagé ensuite en 2003 par Jean-Pierre Raffarin) ou les régimes spéciaux (qu’avait commencé Nicolas Sarkozy en 2007).
Le député Éric Woerth a d’ailleurs appelé le gouvernement à « terminer le travail » sur les régimes spéciaux.S’en prenant à la méthode, le président des Républicains Christian Jacob a fustigé de « fausses promesses ». Le comité stratégique du parti a déploré « un projet flou sans ligne directrice qui génère inquiétude et anxiété ».
Sur le fond, LR veut préserver le pouvoir d’achat des retraités en refusant « toute hausse des cotisations ou toute baisse des pensions ». « L’âge de départ devra être progressivement aligné sur la hausse constatée de l’espérance de vie, tout en tenant compte de la pénibilité de certaines carrières ».
Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau estime qu’il faut « garantir la valeur du point pour garantir le pouvoir d’achat », et ce par « une augmentation de l’âge de la retraite, à 64 puis 65 ans ».
Le Parti socialiste (PS)
Le PS n’a pas de contre-projet mais définira ses mesures au moment de l’arbitrage rendu par le gouvernement.Trois grands principes directeurs :
- La prise en compte de la pénibilité.
- L’égalité hommes-femmes dans les salaires et les carrières.
- Une retraite minimum garantie, soit en pourcentage soit en valeur.
Les fonds de réserve public ou privé, le fait que le trou de la Sécu soit comblé dégageront d’autres ressources.Autre piste de financement : taxer les transactions financières et mettre à contribution les hauts revenus.
Le Rassemblement national (RN)
Propose un départ à 60 ans si le salarié a bien 40 années de cotisations.
Pour financer le système, il envisage de :
- Faire des économies en réduisant la contribution versée par la France à l’Union européenne et les dépenses liées à l’immigration.
- Créer des emplois : « Un million d’emplois créés, c’est 25 milliards de recettes supplémentaires ».
- Favoriser la natalité.
Une fois les économies faites, « si on s’aperçoit que le système ne peut pas fonctionner », Marine Le Pen n’exclut pas de demander aux salariés, par référendum, de travailler « un ou deux ans de plus ».
Les Verts (EELV)
Europe Écologie Les Verts veut remettre en cause la stabilisation des financements des retraites à 14 % du PIB pour faire face à l’augmentation du nombre de retraités.
- Le principe de pénibilité doit être pleinement préservé.
- Départ à 62 ans mais en prenant en compte les années d’étude.
Pour générer de nouvelles recettes, EELV propose de :
- Réduire le temps de travail afin de créer des emplois et réduire le chômage. Soit par les 32 heures par semaine, soit en agissant sur la durée de vie professionnelle.
- Augmenter les cotisations sociales, mais aussi les rémunérations.
- L’égalité hommes/femmes, ce qui implique des cotisations plus élevées.
- Des cotisations sociales appliquées aux stock-options et à l’intéressement.
Le Parti communiste
Les communistes veulent d’abord mettre un terme au régime spécial dont bénéficient les revenus du capital.
« D’après l’Insee, en 2018, les revenus financiers perçus par les entreprises et les banques se sont élevés à 299 milliards d’euros ! Nous proposons que ces revenus financiers soient assujettis aux mêmes taux que les salaires. »
Le PCF préconise aussi d’alourdir le taux de cotisation dite patronale « pour les entreprises qui délocalisent ou précarisent l’emploi, rationnent les salaires et les dépenses de formation. A l’inverse, les entreprises qui fondent leur efficacité sur l’embauche et la formation de salariés qualifiés, qui tiennent leurs objectifs écologiques et de parité salariale seraient encouragées avec une progression moindre de leur taux. Cette modulation apporterait 70 à 90 milliards au bout de cinq ans. »
Selon les communistes, la simplification du système des retraites pourra être obtenue « en mettant en place un régime unifié, pour faire converger vers le haut les droits à la retraite de l’ensemble de la population, et garantir au minimum 75 % du meilleur revenu d’activité dès 60 ans, tout en prenant en compte les spécificités professionnelles. »
OuestFrance, 4 décembre 2019
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