A partir du samedi 5 septembre, les transports en commun deviennent gratuits tous les week-ends à Montpellier, qui devient la plus grande ville de France à expérimenter une mesure de gratuité. Plus d’une trentaine de villes testent. C’est désormais la plus grande ville de France à proposer la gratuité, partielle ou complète, de ses transports en commun : depuis ce matin, Montpellier offre les transports aux usagers de ses tramways et bus, le samedi et le dimanche.
“C’était mon engagement de campagne, et il se met en oeuvre. (…) Cette mesure, nous l’avons prise parce qu’elle permet de changer le rapport à la ville, le rapport aux mobilités”, a expliqué sur France Inter ce samedi le maire de Montpellier, élu en juin dernier, Michaël Delafosse.
“Cette mesure, je la vis comme une réponse à la jeunesse qui nous demande d’agir pour le climat, explique-t-il. Les transports collectifs préservent la qualité de l’air qu’on respire, et donc il faut les développer. Et puis il y a eu une crise sociale, celle des “gilets jaunes”, qui quand, le prix de l’essence a augmenté, ont dit que c’était difficile. C’est aussi une mesure de justice sociale”, assure-t-il.
Mickael Delafosse a été élu, fin juin, maire de Montpellier.
Comme Montpellier, environ 35 villes ou territoires se sont déjà lancés dans l’aventure de la gratuité des transports. Et en tête de gondole, depuis le 1er septembre 2018, Dunkerque et son agglomération sont le plus vaste territoire européen à proposer un offre de bus gratuits. Trois autres villes de plus de 100 000 habitants ont mis en place des mesures similaires : Calais, Aubagne et Niort. Des villes plus petites comme Dinard, Chateaudun ou Saint-Flour ont aussi sauté le pas. La ville pionnière dans le domaine est Châteauroux, qui a mis en place la gratuité en 2001. Jusqu’à présent, une seule ville a fait machine arrière : Manosque, dans les Alpes de Haute-Provence, en 2013.
Après les municipales du printemps dernier, beaucoup de villes se montrent intéressées : 18 villes ou collectivités, dont Paris, Millau ou Lille, vont regarder de très près ce qu’il se passe à Montpellier. Des projets de gratuité ont été promis par les élus pendant leurs campagnes électorales, sans pour autant avoir été fléchés dans les budgets : “Il y a des limites financières, certains maires arrivent aux manettes dans leur ville et voient que la situation financière de leur commune ou de leur intercommunalité est compliquée, alors ils décalent ou phasent leur projet”, explique Maxime Huré, président du comité scientifique de l’Observatoire des villes du transport gratuit.
A Montpellier, il a en effet fallu faire des choix budgétaires : “On a l’une des fiscalités les plus élevées de France : c’est un choix dans notre budget. Le coût de la gratuité, c’est 5% de nos dépenses de fonctionnement, explique Michaël Delafosse. Je dois ainsi redéployer des crédits : j’ai ainsi par exemple annulé les mesures de gratuité des parkings pour financer la gratuité des transports”, explique-t-il, ajoutant l’exemple d’un bâtiment des archives municipales qui sera finalement l’objet d’un partenariat avec le département. Quant à la gratuité totale, elle est promise pour la mi-mandat, en 2023.
Le pont de pierre à Bordeaux est interdit à la circulation automobile (sauf taxis) depuis juillet 2018. Il passe chaque jour 10 000 vélos et 7 000 piétons.
Au final, cette mesure incite-t-elle vraiment les automobilistes à prendre les transports ? Des premières expérimentations dans d’autres villes semblent avoir montré que ce sont surtout les piétons et les cyclistes qui profitaient de ces mesures. “Je ne le crois pas, répond Michaël Delafosse. Si on fait la gratuité seule des transports, on ne sera pas bons. Il faut en parallèle mener une politique pour le partage de la voirie au profit du vélo, travailler sur le chemin des écoliers pour éviter que les parents déposent leurs enfants en voiture. C’est un enjeu qui me semble important. C’est en ayant une approche systémique, globale, de ces mobilités, qu’on y arrive. La gratuité fait partie d’un ensemble de mesures, et je crois qu’il y aura un report de ceux qui utilisent la voiture vers les transports collectifs”, justifie le premier magistrat montpelliérain.
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