Projets CFF: d’autres investisseurs intéressés - La colère ne retombe pas après la suspension des projets immobiliers des CFF à Renens et Prilly. A la plaine de Malley, le projet de construction de deux tours est lui aussi en suspens.
Même si l’annonce des CFF remonte au 26 janvier, la réaction d’indignation et de colère perdure à Renens comme à Prilly. Dans un courrier, les deux communes viennent d’en appeler «à toutes celles et ceux qui, de par leur fonction, peuvent intervenir». Le canton de Vaud, avec ses partenaires, s’est adressé de son côté au président de la Confédération Guy Parmelin.
Fâchés et consternés
Les deux pages et demie sont signées par les deux syndics Jean-François Clément (Renens) et Alain Gillièron (Prilly) et la municipale de Renens Tinetta Maystre. Le ton de la missive est clair. «Nous sommes consternés et fâchés par cette décision, de ce manque de courage dans cette période des plus difficiles.» Mais les responsables ne se limitent pas à dénoncer ou à se plaindre, ils veulent passer à la contre-offensive et annoncent la couleur: «Plusieurs autres partenaires investisseurs, privés comme institutionnels, nous ont déjà contactés pour savoir comment faire pour reprendre le projet à leur compte puisque les CFF se défilent.»
«On a un rendez-vous mercredi, lance Alain Gillièron. C’est fixé, autrement pas mal de gens nous ont contactés. Nous verrons si cela se concrétise ou pas, c’est encore très frais.» Le syndic de Prilly ne cache pas que «tout» va être entrepris pour que les projets reprennent. Un rendez-vous avec des membres de la direction des CFF est prévu dans une petite semaine pour discuter du sujet, ajoute-t-il.
Son collègue de Renens Jean-François Clément estime même qu’un marché «gagnant-gagnant» pourrait être passé avec les CFF. En lâchant à d’autres ces projets vaudois, ils pourraient financer ceux qu’ils ont dû suspendre en Suisse.
«Un marché gagnant-gagnant pourrait être passé avec les CFF» Jean-François Clément
L’idée de trouver d’autres partenaires avait germé dès l’annonce des CFF, puisque ceux-ci justifiaient la suspension de projets immobiliers en Suisse à cause «d’une situation financière tendue» et un niveau d’endettement trop élevé. Or l’immobilier est incontestablement le secteur privilégié par nombre d’investisseurs qui veulent à tout prix, ou presque, placer leur argent.
La piste évoquée par les deux communes se heurte pour l’instant en tout cas au refus des CFF qui affirment n’avoir pas l’intention de renoncer à mener à bien ces projets, mais avec du retard. «Les échanges ont lieu avec les autorités cantonales et communales, les contacts ont été établis», relève le service de presse. Cette solution est même considérée comme irréaliste par des observateurs du dossier: les CFF ont besoin de ce genre de projets puisque ceux-ci assurent le financement de la caisse de pension.
Daté de lundi également, le courrier du canton de Vaud est signé par la présidente du Conseil d’Etat Nuria Gorrite avec Guy Parmelin pour destinataire. Il est paraphé également par les responsables de Renens, Prilly, Chavannes-près-Renens (Jean-Pierre Rochat, syndic) et Lausanne (Grégoire Junod, syndic). Avec une copie pour Vincent Ducrot, CEO et président de la direction du groupe CFF.
Situation très grave
Là aussi, les mots sont forts. «Ce renoncement à développer des projets déjà très avancés est funeste. (…) C’est un signal extrêmement négatif qui est donné par une grande entreprise publique aux mains de la Confédération.» Pour le canton de Vaud et les cosignataires, «le plafond d’endettement pourrait être, temporairement pour le moins, relevé afin de permettre aux CFF de maintenir leurs investissements nécessaires dans le domaine immobilier».
La cheffe du Département des infrastructures et des ressources humaines pointe également un autre problème de l’ex-régie qui pourrait tourner au véritable cauchemar si la pandémie et ses effets collatéraux persistaient. La Confédération ne devrait-elle pas songer à apporter son aide financière aux CFF pour combler les déficits dus au coronavirus dans les activités non subventionnées telles que le trafic grande ligne et le trafic international?
En 2020, les pertes de l’ex-régie sont estimées à 600 millions de francs. Le trafic voyageurs a chuté de 44% au quatrième trimestre de l’année dernière.
Pour mémoire, les projets suspendus jusqu’en 2025 sont «Quais Ouest» à la gare de Renens et «Central-Malley» sur les communes de Renens et Prilly (plus de 250 millions de francs d’investissements). Avec bâtiments, en particulier deux tours dans le second projet, infrastructure urbaine, logements, surfaces commerciales et bureaux, l’ensemble symbolise le renouveau et le développement très important de cette partie de l’Ouest lausannois.
Le Courrier, 10 février 2021, Raphaël Besson
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