Accord de libre échange avec l’Indonésie : NON !

Le NON s’impose ! L’«accord de partenariat économique de large portée» entre les pays de l’AELE et l’Indonésie correspond largement aux accords de libre-échange (ALE) récemment conclus par la Suisse. Il couvre un vaste champ d’application.


Ses dispositions touchent au commerce des marchandises, aux entraves techniques au commerce, aux mesures sanitaires et phytosanitaires, aux règles d’origine, à la facilitation des échanges, au commerce des services, aux investissements, à la protection de la propriété intellectuelle, à la concurrence, à la coopération tech-nique et au renforcement des capacités, au règlement des différends ainsi qu’au commerce et au développement durables.

GARDE-FOUS SUPPRIMÉS. Le principe du libre-échange est de réduire, voire supprimer les entraves au commerce. Or ces «entraves» sont en fait les règles appliquées en matière d’échanges de marchandises entre les pays. Les mesures tarifaires sont les taxes qui permettent d’équilibrer les coûts, de manière à avoir un échange le plus équitable possible pour les productions locales; les mesures non tarifaires sont nos normes de fabrication, environnementales, sanitaires et sociales. Or nos autorités non pas trouvé mieux que d’appeler notre loi sur les normes «loi sur les entraves au commerce». Il est scandaleux que nos choix en matière environnementale, sociale, sanitaire et sécuritaire soient considérés ainsi. Aujourd’hui, nos autorités veulent supprimer ces garde-fous pour faciliter des échanges commerciaux – encourageant ainsi la surconsommation, la pollution, la raréfaction de nos ressources et la délocalisation de nos productions.

HUILE DE PALME SANS LIMITES. L’accord avec l’Indonésie crée un contingent tarifaire pour l’importation d’huile de palme. En réalité, ce texte encouragera son importation en introduisant un tarif préférentiel pour les taxes douanières. Avant que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) les interdise, la plu-part des pays avaient des contingents de volume. On importait selon nos besoins et, si les produits venaient à manquer par suite d’une mauvaise production locale, le parlement votait un contingent additionnel. Cela s’appelle de la gestion des ressources, et c’est ce que réclament les référendaires. Nous voulons des accords équitables et cohérents.

SURCONSOMMATION ET GASPILLAGE. En supprimant les mesures tarifaires, les accords de libre-échange sont directement responsables de la surconsommation des biens et des ressources. Sans le libre-échange, nous n’aurions pas nos étals remplis de produits à bas prix et de piètre qualité. Nos ressources sont gaspillées parce que les prix non rien à voir avec nos coûts et notre pouvoir d’achat. Le résultat est que nous ne réparons plus, nous jetons. Avec en prime une nouvelle idée, l’économie circulaire: on continue à surconsommer, mais on récupère et on recycle, c’est super!

AU BONHEUR DES MULTINATIONALES. Le libre-échange entraîne en parallèle des pertes fiscales pour les États. En supprimant les droits de douane, qui sont légitimes puisqu’ils limitent la distorsion de concurrence, on prive les États d’une manne qui finit dans la poche du commerce mondialisé. C’est une des sources des très grandes fortunes qui se créent aujourd’hui.Un exemple: les meubles de la multinationale Ikea sont produits essentiellement en Asie, dans des pays à bas coûts salariaux. Ils sont ensuite importés en Europe avec des droits de douane minimes, ce qui a eu pour conséquence de faire disparaître la quasi-totalité des fabricants de meubles européens. Les salarié-e-s d’Ikea qui vendent ses meubles en Suisse touchent le salaire minimal fixé par leur convention collective, ce qui amène l’État à les aider pour payer leurs loyers et leurs assurances maladie. L’État suisse est ainsi doublement perdant, alors que les patrons d’Ikea affichent une des fortunes les plus importantes du pays. Un scandale parmi d’autres. Le 7 mars prochain, les syndicats devraient voter Non à cet accord de libre-échange, puisque ce type de traité est responsable de la fragilisation, puis de la délocalisation de pans entiers de notre économie.Tous les secteurs sont touchés: nous ne fabriquons bientôt plus rien en Suisse. Nous sommes en train de perdre notre savoir-faire. Aujourd’hui un jeune qui apprend le métier de menuisier va construire la seule fenêtre ou la seule porte de sa carrière pendant son apprentissage. Le reste de sa vie, il sera un poseur de fenêtres importées de Roumanie ou de Chine. C’est cela qu’on offre désormais à nos jeunes: un salaire plutôt qu’une passion, un métier.

DÉSASTRE ÉCOLOGIQUE. Il ne faut pas oublier les dégâts à l’environnement dus à la pollution engendrée par la multiplication des transports et la déforestation nécessaires à l’agriculture d’exportation.Les référendaires ne veulent pas d’une Suisse qui vit en autarcie. Ils veulent des accords commerciaux équitables, respectant l’environnement dans sa globalité (1).

◼(1) Lire à ce sujet notre ouvrage: Le libre-échange remis en cause. Éditions Jouvence, 2021.

Willy Cretegny . Vigneron bio à Satigny, Services publics, 5 février 2021

Accord de libre-échange avec l’Indonésie : sur quoi vote-t-on ?

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