Plusieurs projets patronaux visent notre système de prévoyance. Le plus avancé est AVS 21, qui prépare l’élévation générale de l’âge de la retraite. Le 18 septembre, notre mobilisation peut faire la différence.
« Il faut d’abord que l’âge de la retraite des femmes soit équivalent à celui des hommes. Le débat sur l’AVS deviendra ensuite beaucoup plus serein. L’augmentation de l’âge de la retraite au-delà de 65 ans, comme c’est déjà la réalité dans la majorité des pays de l’OCDE, sera un élément parmi d’autres en vue d’une réforme ultérieure. (1)»
65 ans, et au-delà
Jérôme Cosandey, directeur d’Avenir suisse, un « centre de réflexion » financé par les principales multinationales du pays, ne cache pas ses objectifs: la contre-réforme AVS 21, qui sera discutée en septembre au sein des chambres fédérales, n’est qu’un amuse-bouche. Derrière, c’est une élévation générale de l’âge de la retraite qui se profile.
Marlène Rast, directrice du Groupe Mutuel, un des principaux assureurs du pays, abonde dans son sens: « Le dilemme entre une rente plus élevée et une retraite plus longue trouve pleinement sa place dans la flexibilisation du départ à la retraite, entre 60 et 70 ans (…) La première étape de la flexibilisation passe donc par une révision de la notion de l’âge de la retraite inscrite dans l’AVS et la suppression de la barrière psychologique de 65 ans (2)». Précisons qu’avec une telle « flexibilisation », seuls les salaires élevés pourront se permettre un départ anticipé. De leur côté, les salariées cumulant petits salaires, job précaires et travail domestique non rémunéré n’auront que les yeux pour pleurer. Pour preuve: la rente du 2e pilier la plus élevée, soit 5000 francs par mois, est l’apanage des 25% d’hommes qui partent à la retraite à 60 ans. Alors que la rente médiane des femmes qui partent à 64 ans est de 1000 francs – et qu’un tiers des femmes n’ont que l’AVS pour vivre !
Jeunes radicaux à l’affut
La « flexibilisation » de l’âge de la retraite entre 60 et 70 ans est une des mesures prévues par AVS 21. Quant à l’étape suivante, son chemin est pavé par les jeunes libéraux-radicaux (JLR). Le 26 août, la Chancellerie fédérale a confirmé l’aboutissement de l’« initiative sur les rentes » lancée par les JLR. Le texte propose de porter l’âge de la retraite des hommes et des femmes à 66 ans à l’horizon 2032, puis de le relever encore, en le liant à l’espérance de vie: 67 ans en 2043, 68 ans en 2056 (3).
Cher pour les femmes
Pour les milieux patronaux et la droite, le projet AVS 21 est ainsi un passage obligé vers le relèvement généralisé de l’âge de la retraite. Cette première étape coûterait particulièrement cher aux femmes. Selon les calculs de l’Union syndicale suisse (USS), celles qui continueront à prendre leur retraite à 64 ans toucheront, en cas de relèvement de l’âge de la retraite, une rente AVS inférieure de 40 à 100 francs par mois à celle qu’elles recevraient sans AVS 21. Cela représente une dégradation d’environ 1 200 francs par an.
Empoignades autour de LPP 21
Au Parlement fédéral, de grandes manœuvres entourent aussi le deuxième pilier du système de retraites, la LPP (lire en page 11). Le 20 août, la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS-CN) s’est penchée sur LPP 21. Ce projet de loi est issu d’un compromis négocié par la direction de l’Union syndicale suisse (USS) et celle de l’Union patronale suisse (UPS), repris ensuite par le Conseil fédéral. Il prévoit une baisse du taux de conversion servant à calculer le montant des rentes, de 6,8% à 6%, contrebalancée par des mesures visant à maintenir le niveau des rentes, notamment une hausse des cotisations de 0,5%. Alors que les principales faîtières économiques (Union patronale suisse et economiesuisse) soutiennent LPP 21, le projet fait l’objet d’une fronde menée par les banques, les assureurs et les caisses de pensions. Et pour l’instant, ces opposants ont ont pris le dessus: le modèle retenu par la commission parlementaire a été élaboré par l’association des assureurs. Il prétérite lourdement les bas et moyens salaires, qui devront cotiser plus pour toucher des rentes plus basses (jusqu’à – 12% !)..
La voix de la rue
Les menaces s’accumulent sur nos retraites. La plus imminente est le projet AVS 21, qui risque d’être voté par les Chambres à la fin de la session d’automne. Il est donc urgent de nous mobiliser pour le faire échouer. C’est le sens de la grande manifestation nationale organisée le 18 septembre, à Berne. Mobilisons pour cette échéance !
Services Publics, 6 septembre 2021
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