Coup d’accélérateur à la privatisation

Fribourg : Suppression de soixante postes, démantèlement des sites régionaux. Le conseil d’administration
accélère la privatisation de l’Hôpital fribourgeois. SSP et comité citoyen réagissent. Mercredi 19 janvier, le conseil d’administration de l’HFR annonçait la suppression de 60 postes de travail au sein de l’Hôpital fribourgeois (HFR).


Cette annonce a choqué. Elle intervient, en effet, dans un contexte particulièrement tendu – la pandémie de Covid-19 – et alors que le personnel hospitalier se trouve dans un état d’épuisement avancé. Une telle annonce va également à contrecourant du souhait exprimé par la population, à travers l’initiative populaire «Pour des soins infirmiers forts» ou d’autres mobilisations: renforcer la dotation du personnel de santé, en particulier dans les hôpitaux.

PÉTITION À SIGNER. Dans ce cadre, le comité du SSP – Région Fribourg estime qu’il est nécessaire de donner un signal fort de soutien au personnel hospitalier, tout en défendant des prestations de qualité.
Le SSP a donc décidé de lancer une pétition. Celle-ci appelle le conseil d’administration de l’HFR à renoncer à la suppression des 60 postes de travail, et le Conseil d’État à garantir les moyens financiers suffisants pour maintenir – et même augmenter – le nombre d’emplois.
«Le personnel de l’HFR est confronté, depuis plus de deux ans, à la gestion d’une pandémie majeure. Dans les équipes, de nombreux-euses salarié-e-s manquent, ou quittent leur travail, au bout du rouleau. Plutôt que supprimer des postes de travail, il faudrait en rajouter!», souligne le texte de la pétition. Celle-ci peut être signée ou téléchargée en ligne, jusqu’à la fin février (1).

PRIVATISATION CONTESTÉE. Un autre bras de fer est en cours à l’HFR. Il concerne l’avenir des sites hospitaliers périphériques. Le 11 juin dernier, l’initiative «Pour des urgences hospitalières de proximité 24/24» était déposée à la Chancellerie, munie de 12 000 signatures (sur 6000 nécessaires!). En octobre, le Conseil d’État a validé le texte, qui fera l’objet d’une votation populaire en 2023.
À contrecourant de la politique mise sur pied par la direction de l’HFR, le texte demande au Canton de garantir un service public d’urgences médicales, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, dans le sud, le centre et la partie alémanique du canton.
Les initiant-e-s exigent aussi que l’État de Fribourg utilise pleinement les modes de financement existants (soit les prestations d’intérêt général, PIG) pour garantir des soins aigus de proximité, en tenant compte des intérêts régionaux.

POLITIQUE DU FAIT ACCOMPLI. Le conseil d’administration de l’HFR ne l’entend pas de cette oreille. Sans attendre le verdict populaire, il continue son travail de sape des sites périphériques, qu’il veut transformer en «centres de santé» dans le cadre de sa stratégie hospitalière 2030. Le 8 juillet 2021, la direction de l’hôpital a ainsi annoncé la transformation définitive des urgence du site de Riaz en permanence; le 15 décembre, la même décision était communiquée pour les urgences de Tavel – alors que, quelques mois plus tôt, la direction assurait que le site singinois garderait des urgences ouvertes 24 heures sur 24. Enfin, le 1er janvier dernier, le site de Billens a été cédé pour 1 franc symbolique aux communes glânoises.
Ces décisions s’accompagnent de réorganisations internes visant à transformer ces sites en établissements exclusivement voués à la réadaptation ou à la médecine – exit donc les blocs opératoires, les services d’anesthésie et les urgences hospitalières.
En parallèle, les pressions financières exercées par le Conseil d’État se poursuivent. Elles ont pour conséquence de diminuer les prestations d’intérêt général (PIG), en limitant les dépenses de l’hôpital – ce qui se traduit par les suppressions de postes combattues par le SSP.

MOTION POPULAIRE DÉPOSÉE. Le comité citoyen HFR, cheville ouvrière de l’initiative «Pour des urgences hospitalières de proximité», a décidé de réagir. Le 26 janvier, il a déposé une motion populaire munie de 526 signatures. Dans ce texte, il demande aux autorités de geler toute transformation de l’hôpital public en attendant le résultat de la votation populaire, afin de respecter les droits démocratiques les plus élémentaires. Après validation des signatures, le texte sera discuté par le Conseil d’État, qui le soumettra ensuite au Grand Conseil. Le comité citoyen demande aux député-e-s de convertir la motion populaire en motion urgente. Affaire à suivre! ◼

(1) https://fribourg.ssp-vpod.ch/themes/hfr-non-a-la-suppression-de-60-postes-de-travail

Services publics, VPOD, Gaétan Zurkinden, Secrétaire SSP . Région Fribourg

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