La votation sur AVS 21 aura lieu dans un contexte marqué par une hausse de l’inflation, qui plombe le budget d’une grande part des salarié-e-s. Le Covid-19 servira de prétexte à une envolée des primes d’assurance maladie cet automne, alors que les prix de l’énergie et de certaines denrées alimentaires ont déjà pris l’ascenseur. Et pourtant, les grands patrons ne se sont jamais portés aussi bien.
En 2021, la fortune des 300 plus riches de Suisse a augmenté de 115 milliards de francs. Depuis 1989, leur patrimoine a plus que quadruplé (1). Une enquête menée par le syndicat Unia confirme la gigantesque concentration des richesses à l’œuvre: dans les 43 principales entreprises du pays, le revenu le plus élevé est 141 fois supérieur au plus modeste (lire en page 9).
En 2021, les actionnaires de ces grandes firmes ont empoché 82 milliards de francs – tandis que les salaires réels baissaient de 0,8%.
Le principal argument de la droite en faveur d’AVS 21 est la nécessité de financer le premier pilier du système de retraites. Mais en Suisse, l’argent ne manque pas. C’est sa répartition qui pose problème. Après avoir imposé l’austérité salariale et limité au maximum les effets de la loi sur l’égalité sur les salaires féminins, la droite, avec la complicité du ministre socialiste Alain Berset, continue ses attaques contre les droits des salarié-e-s. Objectif: accroître encore fortunes et dividendes. L’appétit vient en mangeant…
Augmenter l’âge de la retraite des femmes n’a donc rien à voir avec l’égalité (en pages 6 et 7). Au contraire. Travailler une année de plus, c’est payer davantage de cotisations pour toucher une année de rente en moins.
La réforme AVS 21 se couple avec une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 0,4%. Or la TVA est une taxe antisociale qui, dans un contexte de hausse des prix, grèvera le portemonnaie des revenus modestes et moyens. Résultat des courses: les inégalités vont encore augmenter.
Obliger les femmes à travailler une année de plus, c’est aussi augmenter le niveau d’exploitation et d’épuisement, déjà très élevé – en particulier dans les métiers essentiels où les femmes sont majoritaires. Des métiers peu va lorisés, donc peu rémunérés, qui ne permettent pas aux travailleuses d’épargner assez pour se payer une retraite anticipée. La réforme d’AVS 21 se fera sur le dos de ces salariées. Une majorité de femmes l’ont bien compris: dans un récent sondage, elles sont 60% à vouloir voter non à AVS 21 le 25 septembre (2).
Chez les hommes, le son de cloche est différent: ils seraient 71% à approuver cette réforme. Ce pourcentage élevé de oui masculins est préoccupant, car il déborde largement l’électorat de droite. Pourtant, les travailleurs n’ont aucun intérêt à approuver AVS 21. Pour ceux qui vivent en couple, la baisse de la rente de leur compagne aura un impact direct sur le revenu du ménage. Et pour tout monde, un oui le 25 septembre ouvrirait la porte à une nouvelle réforme, déjà annoncée, visant à repousser l’âge de la retraite à 67 ans.
AVS 21 est une contre-réforme au profit de la classe aisée, qui lèsera toutes et tous les salarié-e-s. C’est ensemble que nous devons nous mobiliser pour le non, au cours des quelques semaines qui restent avant la votation! ◼
(1) Le Temps, 25 novembre 2021.
(2) Sondage de 20 Minutes et Tamedia,10 août 2022.
Services publics, Michela Boloventa, Secrétaire centrale SSP, 19 août 2022
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