La réforme AVS 21 a été acceptée sur le fil

Pour les syndicats, cette défaite doit permettre de relancer le combat pour des rentes plus élevées et pour l’égalité salariale.
Un affront, une gifle faite aux femmes. Les mots sont forts pour caractériser le petit Oui à la réforme AVS 21, acceptée dimanche par 50,6% des votants et 32316 voix d’avance sur 2,8 millions de personnes ayant voté. Face à des sondages alarmistes, le camp du Non avait pourtant remonté la pente avant le vote.


Mais cela n’aura pas suffi à faire capoter cet énième projet de relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. La hausse de la TVA de 0,4% pour un financement supplémentaire de l’AVS a elle aussi été acceptée, par une majorité de 55,1%. Quant à la participation au scrutin, elle s’est élevée à 52,2%.

L’Union syndicale suisse (USS) regrette dans un communiqué l’acceptation d’AVS 21 et les baisses de prestations qu’elle entraîne: «Cette réforme aggrave encore davantage la situation des femmes qui est déjà problématique en termes de revenu et de retraite.» Une détérioration qui se situe dans un contexte de rentes du 2e pilier en chute libre, d’inflation et d’explosion des primes maladie. Alors que les revenus de tous les retraités sont sous pression, l’USS appelle à «s’attaquer sans délai et très concrètement au problème des rentes de vieillesse trop basses» et invite le Conseil des Etats à donner son aval à la compensation des rentes AVS au renchérissement décidée la semaine dernière par le National.

Peurs attisées en Suisse alémanique

Analysant le vote, l’USS constate que «les milieux économiques ont dépensé des millions pour défendre la hausse de l’âge de la retraite des femmes». Alors que la Suisse romande et le Tessin ont voté majoritairement et clairement Non à la réforme, la faîtière syndicale précise qu’en Suisse alémanique, «les principaux médias ont mené une intense campagne pour attiser les peurs quant à la stabilité de l’AVS». Malgré cela, poursuit-elle, «l’alliance référendaire a réussi à convaincre bien au-delà de sa propre base. L’argument principal du déficit de rente des femmes a été largement débattu et le problème enfin reconnu.» L’USS souligne encore que durant toute la campagne, le patronat et la droite comme le centre, «ont obstinément refusé de parler d’une nouvelle hausse – pourtant prévue – de l’âge de la retraite à 67 ans pour tout le monde». La faîtière avertit qu’elle «se battra sans concession contre toute nouvelle tentative de relever l’âge de la retraite».

Intensifier la lutte pour l’égalité salariale et des rentes

Pour sa part, Unia estime que l’affront de l’acceptation d’AVS 21 doit maintenant être corrigé par des mesures pour imposer l’égalité salariale: «Une différence de 20%, un écart de rente d’un tiers: l’égalité entre les femmes et les hommes est loin d’être atteinte. Malgré cela, la réforme des retraites AVS 21 a fini par s’imposer sur le dos des femmes.» Pour le syndicat, «il n’y a qu’une manière pour les femmes de réagir à cette gifle: en intensifiant la lutte pour l’égalité salariale, pour des rentes égales, pour l’égalité dans tous les domaines». Unia exige ainsi que les employeurs appliquent enfin l’égalité salariale et que le Parlement mette fin à la discrimination des femmes en matière de rentes dans la réforme en cours du 2e pilier. «Pour cela, une pression dans la rue et dans les entreprises est nécessaire. Le syndicat Unia va renforcer son soutien à la mobilisation pour la grève des femmes de 2023», communique le syndicat.

Unia rappelle encore que le vrai problème de l’AVS sont des rentes trop basses. Elles sont en moyenne de 1800 francs par mois. L’initiative AVSx13 permettrait de relever de 8,33% le montant annuel de ces rentes. Une mesure particulièrement nécessaire pour les femmes retraitées, dont un tiers n’a que l’AVS pour vivre. Enfin, comme l’USS, Unia s’engagera résolument contre toute tentative de rehausser l’âge de la retraite.
Déclaration du 25 septembre

«Nous sommes en colère. Nous continuons le combat!»

Face au résultat du vote sur AVS 21, et pour que la colère des femmes puisse s’exprimer, l’USS a lancé une «Déclaration du 25 septembre 2022» qui a tourné sur les réseaux sociaux dès le dimanche après-midi. «Nous sommes en colère. Nous continuons le combat!» proclame le texte, signé par plus de 20000 personnes le soir même de la votation, et près de 80000 le lundi après-midi.

La Déclaration déplore que les femmes doivent travailler un an de plus, un démantèlement unilatéral de l’AVS sur leur dos qui constitue «un pas en arrière en matière d’égalité». Elle poursuit: «Aujourd’hui, nous déclarons ceci: nous n’acceptons pas que les femmes soient traitées comme ça. Nous n’acceptons pas que l’on fasse des économies sur le dos des femmes sous prétexte d’égalité. Nous n’acceptons pas que les écarts de revenu entre les femmes et les hommes se creusent encore au lieu de diminuer. Nous exigeons de meilleurs revenus pour les femmes, au cours de la vie professionnelle et à la retraite. C’est pour cela que nous nous battrons. Ce soir. Demain. Et autant d’années que nécessaire. Jusqu’à ce qu’une véritable égalité soit garantie.»

L’Évènement syndical, 28 septembre 2022, Sylviane Herranz

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