Lancée à l’occasion de la COP 27, la plateforme internet «Climate Trace» place la cimenterie d’Eclépens à la tête des sites les plus polluants de Romandie, loin devant l’aéroport de Genève. La société Holcim qui gère le site, conteste les chiffres. Le processus de production du ciment, à partir de calcaire chauffé à très haute température, produit énormément de CO2.
Voilà un classement que peu d’entreprises envieraient. Lancé à l’occasion de la COP 27, la Conférence des nations Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue en Egypte il y a deux semaines, le site internet Climate Trace a pour objectif d’évaluer et de recenser les localisations les plus polluantes au monde, plus précisément les plus émettrices de gaz à effet de serre.
Basées sur des données issues de plus de 300 satellites (NASA, agence spatiale européenne, Chine) et géré par une coalition qui regroupe des ONG, des entreprises et des laboratoires de recherche, le site recense, à l’aide d’algorithmes d’intelligence artificielle, les émissions de plus de 72′000 sites à travers toute la planète.
Classement contesté
En Suisse romande, c’est de loin la cimenterie d’Eclépens, gérée par la société Holcim, qui remporte la palme du site économique le plus polluant, loin devant l’aéroport de Genève, et juste après, au niveau de toute la Suisse, celui de Zurich. «Climate trace est un outil très intéressant et je ne suis pas du tout surpris par ce classement, réagit Alain Chanson président de l’Association pour la Sauvegarde du Mormont. Nous savons depuis longtemps qu’Holcim avec ses cimenteries est une entreprise très polluante, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous sommes engagés contre la cimenterie d’Eclépens».
La société Holcim, conteste de son côté les chiffres avancés par le site Climate Trace. «Les chiffres publiés par la Climate Trace Coalition, calculés sur la base de données satellitaires et autres techniques de télédétection, sont à l’évidence incorrects, tient à rectifier Arthur Got responsable de la communication pour Holcim. Les émissions officielles de CO2 de la cimenterie d’Eclépens, à retrouver sur les sites internet de l’Office fédéral de l’environnement et du registre suisse des échanges de quotas d’émission, sont à moitié inférieures à celles avancées par ce projet».
Efforts
Et de mettre en avant les efforts consentis par la cimenterie: «L’usine d’Eclépens a diminué ses émissions nettes de CO2 par tonne de ciment d’environ un tiers depuis 1990. Et parmi les derniers projets concrétisés, le site produit désormais sa propre électricité, grâce à une installation solaire de 3’650 m2 et à une turbine qui valorise plus de 90% de la chaleur résiduelle du four. Elle figure d’ailleurs dans le peloton de tête des cimenteries européennes présentant le meilleur bilan carbone, avec un ciment aux émissions de CO2 environ 25% inférieures à la moyenne».
Des progrès qui ne trouvent pas grâce aux yeux d’Alain Chanson: «Tout cela c’est du greenwashing (ndlr: écoblanchiment), lance-t-il. Ils annoncent même envisager d’utiliser des combustibles à base de déchets, or une cimenterie n’est pas faite pour cela. Ce qu’on leur demande, c’est plutôt d’installer des systèmes de captation de CO2 sur leurs cheminées!»
https://climatetrace.org/map
LausanneCités, 19.12.2022, Charaf Abdessemed
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