Une veillée est organisée en hommage aux personnes disparues dans l’accident de train survenu en Grèce, au nord d’Athènes.
Le bilan de l’accident de train en Grèce est passé jeudi à 57 morts. Le chef de gare responsable du trajet a avoué avoir commis une erreur, il risque la prison à vie. Reste à espérer qu’il ne serve pas de bouc émissaire mais que les causes de ce drame soient établies avec suffisamment de distanciation.
Car de nombreux avertissements avaient déjà retenti: ainsi, le responsable des projets de signalisation et de sécurité sur le réseau ferroviaire avait démissionné il y a une année. La sûreté du réseau n’était pas assurée, selon lui. Et la Grèce est le pays européen comprenant le plus grand nombre d’accidents ferroviaires, avec 137 morts et 97 blessés graves entre 2010 et 20181.
La compagnie responsable Hellenic Train avait été vendue en 2017 au groupe public italien Ferrovie dello Stato Italiano dans le cadre du programme de privatisation exigé par les créanciers de la Grèce – FMI, Banque centrale européenne et Union européenne – suite à la crise des subprimes de 2008. Visiblement, les investissements n’ont pas suivi. Tout le système de signalisation était actionné manuellement et les systèmes de sécurité ne fonctionnaient pas, selon le syndicat des conducteurs de trains. La Commission européenne avait d’ailleurs saisi la Cour de justice européenne contre la Grèce pour non-respect des règles relatives au transport ferroviaire2.
Une constante dans ces programmes de privatisation. En fixant des objectifs de rentabilité, on en vient vite à rogner sur les investissements. Cela s’était vu dans le secteur ferroviaire en Grande-Bretagne. Ou dans des services aussi essentiels que la desserte en eau ou en énergie.
La loi d’airain du capitalisme tue. Cet accident nous le rappelle tragiquement.
Notes :
1 - Le Monde du 2 mars.
2 - Le Monde du 2 mars.
Le Courrier, 2 mars 2023, Philippe Bach
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