A la suite des lenteurs du chantier de la gare de Lausanne, le développement des M2 et M3 sera adapté.
La fréquentation du métro M2 n’a jamais été aussi forte qu’en 2022.
Les retards pris par le projet de nouvelle gare à Lausanne, annoncés à l’orée de ce printemps par les CFF, chamboulent le développement du métro M2 et la construction du M3 dans la capitale vaudoise.
Le canton, la ville et les Transports publics lausannois (TL) ont présenté jeudi une «démarche d’optimisation» destinée à «limiter les surcoûts et les retards».
Les acteurs vaudois souhaitent parer aux mauvaises nouvelles apportées par l’Office fédéral des transports (OFT) et les CFF en mars dernier. Car l’annonce d’un retard de quatre à cinq ans du chantier de la gare, dont la fin a été repoussée à 2037, est venue mettre des bâtons dans les rames du métro lausannois.
Record de passagers
Alors que la fréquentation du M2 a atteint un nouveau record en 2022 avec le transport de 32,8 millions de passagers durant l’année, le concept initial de son développement, ainsi que la mise en service à l’horizon 2031 d’un M3 tant attendu, sont dorénavant mis à mal. Les flux de passagers escomptés pourraient ne pas pouvoir être absorbés, craint Nuria Gorrite, conseillère d’État vaudoise en charge des infrastructures.
Lier les chantiers des métros avec ceux du nœud ferroviaire «faisait sens en permettant de doubler la capacité entre la gare et le Flon, le tronçon le plus saturé de la ligne», a rappelé la ministre socialiste devant la presse hier. La mise en service à retardement des passages sous-voie de la gare, dont la réalisation a été confiée aux CFF, rend désormais incertain un tel objectif, la circulation des usagers «n’étant pas garantie durant les travaux».
A cet obstacle de l’allongement des délais du côté ferroviaire s’ajoutent encore «un fort renchérissement, et une forte évolution des normes» depuis la conception de ces projets, a rajouté la conseillère d’Etat, qui note «que le monde a changé».
Revue globale du projet
Des éléments à revoir, qui pourraient avoir un impact sur les coûts de développement du M2 et de construction du M3, estimés à environ 1,1 milliard de francs en 2018. Un chiffre qu’il s’agira «d’interroger», selon Nuria Gorrite. Ce sera l’un des pans d’une «démarche d’optimisation» présentée jeudi et consistant en une analyse et en une revue globale du projet, afin de limiter les surcoûts et retards du phasage. Pour ce faire, une nouvelle équipe de pilotage a été désignée par le Conseil d’État.
Cette gouvernance renforcée sera menée par Samuel Barbou, directeur stratégique du programme de développement des métros, avec l’aide initiale d’Yves Trottet, directeur opérationnel du projet des métros au canton.
Deux experts reconnus viendront les épauler: le conseiller aux Etats vaudois Olivier Français, qui avait lancé le M2 et les réflexions menant au M3, ainsi que Philippe Gauderon, président du conseil d’administration du Lausanne-Echallens-Bercher (LEB), ex-directeur de CFF Infrastructures et ancien membre du comité de la régie fédérale.
Décisions pas avant 2024
Un «profil complémentaire» viendra les rejoindre d’ici à cet été, a précisé la ministre Gorrite. Cette équipe aura également la tâche d’étudier la faisabilité d’un M3 dont la réalisation a vocation à être découplée au maximum du chantier de la gare, particulièrement entre le Flon et la Blécherette. Une analyse de ces différents enjeux devrait donner ses premiers fruits d’ici six mois, avant que les choix ayant la faveur des autorités ne soient présentés en 2024.
Le projet de développement des métros lausannois pourrait-il être revu de fond en comble? Différents scénarios seront sur la table, selon Nuria Gorrite. «Il y a plusieurs questions auxquelles nous n’avons pas encore les réponses: la marge de manœuvre est large», a-t-elle encore affirmé.
Sa collègue Florence Germond, municipale à la tête de la mobilité en ville de Lausanne, a rappelé pour sa part l’urgence d’éviter tout blocage à l’heure du changement climatique et alors que 49’000 pendulaires se rendent dans la capitale chaque jour, selon des chiffres de 2018. Avec 45’000 emplois supplémentaires encore attendus pour 2040. «Le métro est également une connexion importante à des lieux d’intérêts forts pour les Vaudois», a-t-elle poursuivi en citant les principaux sites sociaux, sanitaires, culturels ou sportifs.
Saluant «la volonté politique forte» des autorités, la directrice des TL Patricia Solioz Mathys a relevé que les premiers mois de 2023 avaient connu une augmentation de 7% de la fréquentation, par rapport à 2019. A ce jour, le M2 transporte environ 100’000 usagers quotidiens.
Nouveau chef de «Léman 2030»
Le Fribourgeois Charles-André Philipona prend la succession de Peter Jedelhauser à la direction du programme d’amélioration du trafic ferroviaire «Léman 2030».
Ce dernier partant à la retraite, Charles-André Philipona, ingénieur en génie civil diplômé de la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, entrera dans ses nouvelles fonctions le 1er mai.
Âgé de 54 ans et aujourd’hui chef de la région Ouest au sein de la division Infrastructures des CFF, il avait rejoint la régie fédérale en 2001 avant d’y occuper plusieurs postes de cadre.
Le Courrier, 27 avril 2023, Achille Karangwa
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