Des partis à fleur de peau

Les Chambres ont empoigné mardi et mercredi le dossier de l’assurance-maladie (Lamal). Elles ont tour à tour rejeté l’initiative socialiste et celle du Centre. A l’arrivée, un compromis-croupion qui ne soulagera pas, ou si peu, le pouvoir d’achat des travailleuses et des travailleurs en ces temps d’envol des primes (entre 7% et 8% pour 2024). Le vote sur l’initiative du parti à la rose visant à plafonner à 10% du revenu disponible le montant maximum des primes semble donc programmé.

Là où il était question de mettre les caisses fédérales à contribution ne restent que des charges imposées aux cantons. Une antienne du PLR qui aime tant les délégations de charges vers le bas. La méthode Pascal Broulis – les communes vaudoises n’ont qu’à payer – transposée à l’échelon fédéral.

Mercredi, on a entendu le PLR au ton d’habitude si polissé sortir de sa réserve et qualifier, dans une intonation populiste que l’UDC pouvait lui envier, de «poudre de perlimpinpin» le texte proposé par le Parti du Centre. Quant au PS, il a été accusé de «vivre sur une autre planète».

On croit rêver. C’est bien le PLR qui donne l’impression d’avoir perdu tout sens des réalités. Sa solution: transposer la méthode de la Migros avec une Lamal M-Budget, des franchises qui excluent les revenus modestes des soins et l’habituel argument des médicaments génériques. Du bouillon pour les morts. L’UDC propose, elle, ni plus ni moins, de mettre fin à l’obligation de s’assurer: les pauvres – car c’est bien eux qui sont visé·es – sont prié·es de se rouler en boule et d’aller mourir discrètement dans un coin, sans faire de vagues. De la part d’un parti qui prétend faire de notre pouvoir d’achat sa priorité, cela ne manque pas de sel.

Ce raidissement doctrinaire est d’autant plus étonnant que le PS ne prétend pas avoir réinventé la roue. Le plafonnement des primes ne permet que de gagner du temps en socialisant une partie des dépenses de santé qui ruinent un nombre grandissant de familles. Les vraies solutions seraient autrement plus radicales: il faudrait bien revenir à la charge, en ce temps de creusement des inégalités, sur des primes proportionnelles au revenu ou reposer la question de la caisse unique, là où une foultitude d’assurances brillent par l’opacité de leurs comptes.

Cela prendra du temps, l’initiative du PS permet d’en gagner. Il est probable que l’agressivité de la droite bourgeoise est due à la peur de perdre pied sur un dossier où elle n’a pas de réponses sérieuses à part des recettes de charlatans, alors qu’il se trouve sur le haut de la pile des préoccupations des Suissesses et des Suisses.

Le Courrier, 13 septembre 2023, Philippe Bach

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