2000% d’augmentation sur un médicament

Beaucoup s’étonnent de la hausse des primes de 10%. Je ne suis hélas pas étonné. L’exemple qui suit est un signe clair de dysfonctionnement du système. Pendant de nombreuses années, un médicament nécessaire et irremplaçable pour certaines affections chroniques n’était pas inscrit sur la liste LAMAL. Le motif? Aucune pharma suisse ne le produisait. Il s’agit de la colchicine. C’est un médicament très bon marché. Serait-il trop bon marché pour les pharmas suisses?

Suite à l’homologation de ce médicament par Swissmedic, le prix de celui-ci a pris l’ascenseur: il est devenu 20 (oui, vingt!) fois plus cher en Suisse qu’en France: 50.20 francs au lieu de 2.51 euros.

Ce médicament est une molécule connue depuis des décennies, aucune recherche n’a été nécessaire à son homologation.

Mais il y a pire: depuis que le médicament, produit par une pharma suisse, a été agréé sur la liste LAMAL, les pharmacies ont l’interdiction d’importer le médicament produit à l’étranger et de le vendre, même si le client paie de sa poche.

Nous sommes donc dans l’impossibilité de faire baisser les coûts de la santé, même à nos propres frais. Le système est verrouillé.

Les pharmas en profitent bien. Une marge bénéficiaire de 2000%, c’est pas mal, non?

Pour paraphraser un auteur connu, il y a quelque chose de pourri au royaume du système de santé.

Devrait-on rebaptiser l’OFSP en OFSPP, Office fédéral de la santé du porte-monnaie des pharmas?

Laurent Villard, Étoy

Et si l’on s’inspirait de l’AVS ?

Le coût exorbitant des cotisations d’assurance maladie est un thème d’actualité brûlant. Pour beaucoup, seul un consensus réunissant tous les acteurs de la santé et les autorités politiques pourrait nous permettre de trouver une solution.

Or, on constate que ce «blabla» entamé depuis de nombreuses années ne débouche sur rien, en particulier pour ceux qui sont les plus gravement impactés.

En effet, 23% des assurés renoncent aux soins en raison des franchises considérables choisies pour diminuer leurs primes, mettant ainsi leur santé en danger dans un des pays les plus riches du monde!

Il est donc impératif de revoir la question du financement de la santé. Elle ne doit plus être une marchandise servant: lobbyistes, multinationales spéculatrices, médecins hyperspécialisés entraînant une multiplication des actes médicaux souvent inutiles… L’État doit donc reprendre la main par un vote conscient et réfléchi des citoyens lors des élections du 22 octobre 2023.

La logique voudrait que l’on s’inspire de l’assurance sociale dont plus personne ne remet en question le financement qui a fait ses preuves: l’AVS, bien que l’on connaisse ses injustices concernant le sort des femmes.

Les plus riches paient des cotisations AVS sur l’ensemble de leur revenu mais perçoivent une rente AVS égale aux citoyens lambda.

Appliquer ce système pour le financement de la santé serait un acte «indolore» pour les ultrariches dont le nombre a considérablement augmenté ces dernières années et un acte de solidarité concrète avec ceux qui s’appauvrissent en parallèle de plus en plus.

Pierre Guex, Lausanne, Opinion

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