Casse sociale à la Poste

Près de 4′000 personnes au statut précaire et travail pénible sont menacés de perdre leur emploi dans une filiale de la Poste, Direct Mail Company AG. De façon abrupte, la Poste a annoncé le 25 octobre qu’elle fermerait au 1er juin 2024 Direct Mail Company AG (DMC), qui distribue des publicités non adressées, comme des flyers et des prospectus, ainsi que des journaux gratuits auprès des ménages. Les petites mains de la livraison sacrifiées par le Géant jaune au nom du profit et du rendement financier.


La mesure touche 3′855 membres du personnel de DMC, qui sont rétribués à l’heure et qui ont un faible taux d’occupation, de l’ordre de trois à huit heures par semaine, auxquels s’ajouteraient 72 personnes occupées à plein temps. Au total, cela correspond à 422 équivalents temps plein (ETP). « Pour de nombreuses personnes, il s’agit d’un complément important à leur maigre revenu, souvent au niveau ou en dessous du minimum vital. Le fait que tant de personnes perdent maintenant leur emploi aurait des conséquences sociales importantes », explique Diego Frieden, responsable du partenariat social avec DMC au sein du syndicat Transfair. Le salaire des employés tourne autour des 18 francs l’heure, incluant le 13e salaire et le pourcentage des vacances. Une compensation de 65 centimes le kilomètre pour l’usage de son propre véhicule est admis, précisait Virgine Zürcher, de syndicom dans les colonnes de 24heures. « En 2012, la Poste Suisse a complètement repris DMC. Elle est donc tenue d’assumer pleinement sa grande responsabilité sociale vis-à-vis du personnel », rappelle, de son côté, Manuel Wyss, responsable du secteur Logistique chez le même sysndicat.

Consultation rapide
Entre le 25 octobre et le 10 novembre, les employés des différentes régions étaient « invités » à des séances d’information avec la direction. Et chaque collaborateur ou collaboratrice pouvait faire des propositions jusqu’au…13 novembre sur la manière d’éviter, dans le cadre de la procédure de consultation ouverte, la dissolution de la distribution de la publicité ou d’en atténuer les conséquences. « La procédure de consultation a finalement duré jusqu’au 20 novembre.
De notre point de vue, il est très important pour le personnel que la clarté soit maintenant rapidement faite. Mais il est tout aussi important que les propositions issues de la procédure de consultation soient examinées avec le plus grand sérieux. En fin de compte, ce sont des emplois qui seront supprimés, et derrière cela, il y a de nombreux destins individuels de personnes concernées », nous détaille Matthias Loosli, porte-parole de syndicom.

Reclassement ou plan social
Quid de la suite ? Les deux syndicats concernés demandent en premier lieu des mesures de reclassement. « La Poste a une grande responsabilité. Nous attendons qu’elle propose à toutes les personnes concernées une offre d’emploi au sein du groupe. Pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas accepter une telle offre, nous attendons un plan social avec des indemnités de départ substantielles. Nous serons là pour soutenir les personnes concernées », assure Matthias Loosli. Et de préciser : « Nous avons informé les employés de leurs droits, avons pris note de leurs revendications et de leurs besoins et défini avec eux la marche à suivre. Si des licenciements devaient avoir lieu, notre syndicat représentera ses membres dans le cadre des négociations du plan social. Il ne faut jamais oublier qu’en se syndiquant, les travailleurs peuvent régler leurs conditions de travail de manière collective (par exemple par des conventions collectives de travail), ce qui conduit à des places de travail meilleures et plus sûres », précise Matthias Loosli.

Joël Depommier, Vox Populaire, 20 décembre 2023

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