Il faut renforcer l’AVS, pas l’affaiblir

Jeunes et vieux profitent de l’AVS. Aucune autre assurance sociale n’est synonyme comme elle de cohésion sociale et d’équilibre social. Autrefois, beaucoup de personnes âgées vivaient dans la pauvreté. Grâce à l’AVS, celle-ci a fortement reculé. La charge que la plupart des jeunes devaient supporter en prenant soin de leurs parents s’est allégée. Aujourd’hui, ils profitent souvent de l’indépendance gagnée par la génération de leurs parents qui, par exemple, s’occupent beaucoup des petits-enfants.


Qu’en Suisse il soit désormais possible de vieillir dans la dignité, est à mettre au crédit des assurances sociales, en tout premier lieu à l’AVS. Pourtant, ou justement à cause de cela, l’AVS est la cible d’attaques politiques depuis maintenant 20 ans. D’innombrables études et rapports, dont beaucoup ont été commandés par des banques et des assurances, la dénigrent. À croire certains médias, on peut avoir l’impression que l’AVS est au bord du gouffre.
À pareille désinformation, la présente brochure aimerait opposer des faits. Seul celui ou celle qui comprend les tenants et aboutissants est en mesure de se faire sa propre idée. Et seul celui ou celle qui connaît les faits peut participer efficacement au débat politique. Connaître les faits réels est d’autant plus important que, ces prochains mois et ces prochaines années, la prévoyance vieillesse donnera lieu à de grandes confrontations.
Les scénarios catastrophes bâtis sur la prolongation de l’espérance de vie et l’augmentation du nombre de personnes à la retraite sont répandus.

Il est clair qu’il faut financer les rentes de tout un chacun. Mais insinuer que la prolongation de l’espérance de vie pose problème, c’est mettre les choses cul par-dessus tête. Une faible espérance de vie indique des conditions de vie précaires. L’augmentation de l’espérance de vie reflète au contraire le progrès économique et social. Or, le progrès économique finance aussi les rentes courantes versées sur une plus longue période.
Cela, dans la mesure où une assurance sociale en fait aussi bénéficier tout le monde. C’est le cas avec l’AVS comme avec nulle autre assurance.

L’AVS associe en effet comme aucune autre assurance sociale le principe de la quantité (nombre d’assuré[e]s) à celui de la solidarité. C’est également sur cela que repose le secret de la solidité de son financement. À la base, on trouve l’obligation généralisée de cotiser sur la totalité des revenus professionnels, y compris les rémunérations spéciales comme les bonus. Cela constitue la base du financement de l’AVS la plus large possible. Le montant des rentes est par contre plafonné. Les rentes des millionnaires ne sont pas plus élevées que celles des personnes à revenu moyen. C’est pour cela que l’AVS a été capable de financer ces 40 dernières années l’énorme augmentation du nombre des retraité(e)s sans devoir relever ses cotisations. Une seule fois, il y aura bientôt 20 ans, un pour cent supplémentaire de TVA a été introduit. Et s’il en faut à nouveau un ces 10 ou 15 prochaines années, avec l’AVS, ce sera un bon placement. Parce que cette dernière associe le principe de la solidarité à celui de l’efficacité économique.

Pour la même raison, le rapport prix/prestation n’est nulle part aussi bon pour les bas et moyens revenus qu’avec l’AVS. Cela vaut du reste aussi pour les rapports entre les générations. Si l’AVS n’existait pas, la génération des plus âgés se retrouverait dans une situation indigne de dépendance ou de pauvreté. Mais l’AVS est une bénédiction également pour les jeunes. Grâce à elle, les prélèvements sur les salaires restent raisonnables. Faisons une comparaison : les taux de cotisation moyens du 2e pilier sont maintenant supérieurs à 18 %. Celui de l’AVS est resté de 8,4 % depuis 40 ans.
C’est pourquoi, pour améliorer les rentes, il faut maintenant commencer à nouveau par l’AVS. C’est une nécessité parce que les rentes sont à la traîne de l’évolution des salaires et parce que celles du 2e pilier se dégradent en raison de la situation sur les marchés des capitaux. Les finances de l’AVS dépendent par contre beaucoup moins de la volatilité des marchés boursiers. Elles sont plus stables. Le débat sur les rentes est essentiel pour l’avenir de notre société. Pendant les 20 années politiquement difficiles qui sont maintenant derrière nous, les syndicats et les partis qui leur sont proches ont défendu avec succès les rentes. Désormais, il s’agit de rapprocher à nouveau ces dernières de l’évolution des salaires.
Car qui a travaillé durant toute sa vie doit pouvoir vivre décemment de ses rentes des 1er et 2e piliers. Comme le veut la Constitution fédérale.

Voilà pourquoi il faut renforcer l’AVS, et pas l’affaiblir.

AVS : Une prévoyance vieillesse forte pour jeunes et vieux, USS, 2015

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