Répit pour les retraites?

L’augmentation prévue de l’âge de la retraite des fonctionnaires est repoussée, sans que cela ne convainque les syndicats. Le conseil d’administration de la CPEV a annoncé au début du mois un nouveau report du plan de prévoyance au 1er janvier 2026, mais avec une entrée en vigueur des mesures en 2027.
Un relèvement de l’âge de la retraite pend depuis plusieurs années au nez du personnel assujetti à la Caisse de pension de l’État de Vaud (CPEV).


Au menu, deux ans d’augmentation et autant pour la durée de cotisation avant obtention des prestations. Un plan qui devait initialement entrer en vigueur en 2019, avant d’être repoussé par deux fois à 2023, puis au 1er janvier 2025.

Avant que le front de lutte annoncé par les syndicats ce printemps ne s’ouvre pour éviter cela, le conseil d’administration de la CPEV a annoncé au début du mois un nouveau report du plan de prévoyance au 1er janvier 2026, mais avec une entrée en vigueur des mesures en 2027. Alors que l’assemblée des délégué·es a lieu ce soir, les syndicats revendiquent toujours le retrait du plan.

Bonnes performances financières

Pourquoi l’annonce de ce report? «Aucune partie impliquée n’est prête pour la mise en vigueur des adaptations prévues» en début d’année prochaine, notamment un allongement de 38 à 40 années de cotisation, a indiqué le conseil d’administration de la CPEV le 1er mai. Selon lui, «l’évolution du contexte macro-économique et de certains paramètres, comme la remontée des taux d’intérêts et le retour de l’inflation» l’ont fait revoir les hypothèses de projection. Interrogé par Le Courrier sur la santé financière de la Caisse, il précise qu’elle «n’est pas en danger et peut garantir les prestations sur le court terme. Après une année 2022 difficile, l’exercice 2023 a marqué en effet le retour d’une performance des investissements de la CPEV conforme aux attentes». Il a donc mis ce report en consultation auprès du Conseil d’État et de l’Assemblée des délégué·es des assuré·es de la caisse, avant que cette proposition ne soit faite en juillet à l’Autorité de surveillance LPP et des fondations de Suisse occidentale (As-So), qui a approuvé ce plan (avec sa précédente date d’entrée en vigueur) le 10 mai 2022.

Report de deux ans ?

Une bonne nouvelle pour les syndicats qui n’excluaient pas de lancer un mouvement de grève ce printemps afin d’éviter cette péjoration des prestations dès janvier? «Certes les conditions sont maintenues pour 2025, et les effets du nouveau plan de financement ne se feront sentir qu’en 2027… mais ces adaptations entrent en vigueur au premier janvier 2026 !» alerte Françoise-Emmanuelle Nicolet, membre du secrétariat fédéral du syndicat SUD. Autrement dit, le répit n’est pas de deux ans, «et il faudra mobiliser dès cet automne car nous avons un an à compter d’aujourd’hui pour négocier avec l’État-employeur», continue l’enseignante.

Car si le Conseil d’État venait à maintenir ce plan, même reporté, «ce serait une décision purement politique parce qu’il n’existe aucune contrainte financière ou légale qui ne remette en cause le plan de prestations actuel», complète David Gygax, du Syndicat des services publics (SSP). Dans une réponse à un objet parlementaire, l’exécutif rappelle en effet «que depuis 2014, le taux de couverture de la CPEV a été supérieur à l’objectif imposé par le droit fédéral, malgré une baisse en 2018».

Rencontre avec l’État en juin

Les syndicats FSF, SSP et SUD ont fait voter en assemblée générale «le retrait définitif du plan As-So ainsi que le maintien des conditions et prestations actuelles, dites de statu quo, pour les cinq ans à venir, à savoir jusqu’au 31 décembre 2029». Les faîtières souhaitent également l’indexation des rentes et des améliorations de prestations pour les femmes ou métiers pénibles – et tout cela aux frais de l’employeur public.

Celui-ci reste à ce jour discret, alors que les demandes de négociations n’ont pas disparu suite au report du plan. Une délégation du Conseil d’État a rencontré les syndicats fin avril et en fera de même début juin, date à laquelle les syndicats aimeraient débuter une négociation sur l’amélioration des prestations. Avant cela, il s’agira de savoir si leurs positions feront le poids face au plan de report du Conseil d’administration de la CPEV lors de l’assemblé extraordinaire des délégué·es des assuré·es ce soir.

Le Courrier, Achille Karangwa, 23 mai 2024

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