Statu quo salarial dans les crèches privées à Genève

Les Genevois·es ont refusé d’assouplir les exigences salariales dans les crèches privées non subventionnées. Les usages continueront de s’appliquer. «Il y a eu un vote pour la défense des salaires, mais également en faveur de la qualité de l’accueil», a commenté dimanche Valérie Buchs, secrétaire syndicale au SIT.

Le projet de loi PLR permettant aux crèches privées non subventionnées de payer le personnel au salaire minimum, et non plus selon les usages, n’a pas trouvé grâce aux yeux des votant·es. Le texte a été refusé par près de 57% de la population. Seules quelques communes et quartiers de la rive gauche ont soutenu ce texte.

Pour les opposant·es, dimanche, l’heure était à la satisfaction. Valérie Buchs, secrétaire syndicale au Syndicat interprofessionnel des travailleur·euses (SIT), a salué la mobilisation du personnel concerné qui a permis d’aboutir à ce résultat. «Il y a eu un vote pour la défense des salaires, mais également en faveur de la qualité de l’accueil et enfin sur la nécessité de places de crèches subventionnées pour toutes les familles, quel que soit leur revenu.»

Enjeux saisis

Pour la syndicaliste, «les Genevois et les Genevoises n’ont pas cru que baisser les salaires allait permettre d’augmenter le nombre de places de crèches». A l’en croire, la population a «bien compris les enjeux». Entre autres celui de la défense des conditions salariales au sein d’une profession très majoritairement féminine.

Dans les rangs des défenseur·euses du texte, déception, mais pas sentiment de déconfiture. Pour Patricia Bidaux, députée du Centre, «ce score ne constitue pas un claque». «Nous savions que ce serait compliqué, ce d’autant plus que nos opposants ont beaucoup parlé de qualité des prestations, alors que ce n’était pas le sujet», a réagi Pierre Nicollier, président du PLR.

S’il se dit déçu, c’est parce que «le problème du manque de places de crèches demeure». Les deux représentant·es de droite craignent désormais que les structures concernées par cette obligation de respecter les usages ferment, entraînant ainsi une perte de places. Ce risque de faillite avait été particulièrement mis en avant durant la campagne, notamment par les structures directement concernées. Kristina Babina, fondatrice des crèches Totup, déplore une campagne mensongère et indique que sans solution d’ici à la fin de l’année, ses structures fermeront. Elle ajoute que les futurs projets vont également être gelés.

Respect du cadre

Le Conseil d’État, qui soutenait le texte, a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un désaveu mais de la marque de l’intérêt que la population porte aux personnes qui s’occupent de leurs enfants. «Ce résultat démontre que la question de l’accueil préscolaire est un sujet sensible», a relevé la conseillère d’Etat Anne Hiltpold. Pour le gouvernement, par son vote, la population a voulu «protéger les employés et éviter le dumping».

La conseillère d’État a assuré que le gouvernement veillerait à l’application des usages dans les structures concernées. «Nous allons avoir des discussions afin d’analyser la manière dont elles peuvent continuer à fonctionner en accord avec les usages.» Parmi les pistes à explorer, l’encouragement des partenariats public-privé et le financement de crèches par les entreprises.

Le résultat de la votation fait écho à un récent jugement du Tribunal fédéral qui a sommé une structure dépendant des crèches privées Totup de s’aligner sur les usages. Une obligation que l’entreprise contestait, affirmant que cela risquerait de mettre ses établissements en situation de faillite.

Long chemin

Le vote de dimanche ne clôt pas pour autant les débats sur l’accueil préscolaire, en particulier sur les conditions cadre à établir afin de favoriser la création de nouvelles places dans un contexte de pénurie. L’UDC a d’ores et déjà déposé un projet de loi pour assouplir les normes d’encadrement. Le Conseil d’État a fait savoir qu’il n’y était pas favorable. Pour le PLR, qui n’a pas encore tranché sur la proposition des démocrates du centre, il s’agira davantage de jouer sur les normes en termes d’infrastructures, «sans pour autant toucher à l’espace disponible pour les enfants», assure Pierre Nicollier.

De ces velléités, la gauche et les syndicats sont bien conscients. Valérie Buchs prévient que la mobilisation va se poursuivre afin de lutter contre le projet UDC, voire les suivants. Plus globalement, la syndicaliste voit dans le résultat de dimanche un nouveau signal de défiance adressé à la majorité de droite après le refus du projet de loi pour favoriser la propriété privée sur le site du PAV et celui sur le suicide assisté en EMS.

Le Courrier, 9 juin 2024 Maria Pineiro

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