La pénurie et la cherté de logements inquiètent Caritas et l’Asloca

Les deux associations proposent un catalogue d’actions urgentes. Le coût d’un logement pour les bas salaires avoisine généralement les 30 % des revenus d’un ménage.(ako-photography)
La pénurie de logements se fait toujours ressentir en Suisse, et notamment pour les ménages à petits revenus, s’est alarmé fin juin Caritas-Suisse. «Un père séparé cherche un logement plus grand pour pouvoir accueillir ses deux enfants. Il a un petit revenu dʼenviron 4’000 francs par mois. Or, le loyer moyen dʼun appartement de quatre pièces dans la région genevoise est de 1’872 francs, ce qui correspond à 46 % de son revenu», exemplifie Sophie Buchs, directrice de Caritas Genève.

Même si l’exemple est extrême, le coût d’un logement pour les bas salaires avoisine généralement les 30 % des rentrées d’un ménage. «De plus, les personnes au budget serré vivent plus souvent dans des logements bruyants et mal isolés, situés dans des endroits défavorables, par exemple près d’une route dangereuse», explique Aline Masé, responsable du Service politique sociale chez Caritas Suisse. Dans un papier de position1, l’association lance toute une série de propositions pour améliorer la situation, notamment des mesures à court terme pour atténuer la hausse des coûts des loyers comme un soutien personnalisé aux locataires : aides financières directes, cautionnement et prises en charge de cautions, offres d’accompagnement et de conseils de la part de l’État. L’échange d’appartements doit aussi être facilité.

Des mesures demandées

A une échelle plus large, l’association demande aussi que des mesures soient prises en matière d’aménagement du territoire et de construction, notamment une promotion de logement d’utilité publique, la construction de logements abordables dans les projets de densification, des rénovations «socialement responsables». L’obligation de communiquer le loyer précédent ou le contrôle périodique du rendement locatif sont aussi indispensables. «La politique du logement est aussi une politique de lutte contre la pauvreté, et elle est plus nécessaire que jamais», assure Peter Lack, directeur de Caritas Suisse.

En février, l’Association suisse des locataires (Asloca) avait sorti une étude Les locataires sont sous pression !2, qui dénonçait les rendements trop élevés des propriétaires. « Il est temps de mettre un terme à la politique axée sur le rendement en faveur des investisseurs. Il n’est pas acceptable que les investisseurs profitent de 10,4 milliards de francs de rendements abusifs au détriment du pouvoir d’achat », s’insurgeait l’association, tout en proposant tout un catalogue de revendications : mise en place rapide d’un mécanisme de contrôle institutionnel et automatique des loyers et des rendements, stratégie politique du logement de la part de la Confédération, des cantons et des communes, maîtrise du foncier répondant aux besoins prépondérants de la population et extension de la protection contre les résiliations.

L’enjeu du logement sera aussi d’actualité le 24 novembre, où seront soumises aux votes deux modifications de la loi émanant du lobby immobilier, combattues par des référendums de la gauche. La première a pour but d’empêcher «les sous-locations abusives». L’autre projet vise à simplifier les résiliations du bail pour besoin propre du propriétaire.

1 www.caritas.ch/fr/la-situation-du-marche-du-logement-aggrave-la-pauvrete/
2 www.asloca.ch/sites/default/files/2023-02/Les %20locataires %20sont %20sous %20pression.pdf

Pour des logements pour les seniors

Membre du PdT à Carouge, Denise Maillefer vient de lancer une pétition, demandant la création de logements avec encadrement pour personnes âgées (IEPA). Partant du constat qu’il n’existait que 75 appartements de ce type dans sa commune, elle souhaiterait que les Fondations immobilières de droit public de la Cité sarde et le Canton accélèrent le mouvement, notamment sur les terrains du périmètre Praille-Acacias-Vernets (PAV), futur chantier géant du canton. « Être contraints de devoir se déplacer dans d’autres lieux éloignés de notre ville va créer un désarroi et inévitablement une dégradation de la santé », relève-t-elle. « D’ici quelques années un habitant sur quatre aura atteint l’âge de l’AVS », souligne-t-elle encore. Sur le canton, on dénombre actuellement autour de 2’000 logements protégés, disposant dans la majeure partie des permanences nocturnes et une gérance sociale assurant un encadrement de proximité.

Voix Populaire, juillet 2024, Joël Depommier

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