L’Union syndicale suisse signe une nouvelle victoire sur les retraites. Selon les premiers résultats, la population rejette la réforme par près de 70% des voix. Les Suisses infligent une gifle aux partisans de la réforme LPP. Celle-ci a été rejetée par 67,1% des voix. L’USS, à l’origine du référendum, signe une nouvelle victoire sur les retraites. Pour la suite, gauche et droite proposent des solutions aux antipodes.
La claque est d’ampleur dans toute la Suisse. Aucun canton n’a accepté le texte. Le Jura le balaie par 77,1% des voix. Dans les cantons de Neuchâtel, Fribourg, Genève et du Valais, le non dépasse les 70%. Outre-Sarine, les résultats sont tout aussi clairs avec plus de 60% de rejet dans tous les cantons.
La principale mesure de la révision, la plus controversée, était une baisse du taux de conversion minimal dans la prévoyance professionnelle obligatoire de 6,8% à 6%. Des mesures de compensation étaient prévues. Le seuil d’entrée aurait été abaissé et les bas salaires ainsi que les personnes travaillant à temps partiel auraient été mieux couverts.
Mais pour l’Union syndicale suisse (USS) et la gauche, cette réforme était une arnaque. Menant campagne sous le slogan «Payer plus pour moins de rentes», ils ont triomphé, une fois de plus cette année, six mois après la 13e rente AVS.
Conséquences pas claires
L’incertitude concernant les conséquences réelles pour chaque assuré a sans doute contribué à l’échec de la réforme, a admis la cheffe du Département fédéral de l’Intérieur Elisabeth Baume-Schneider. Avec ce rejet, beaucoup de personnes, surtout des femmes, restent exclues de la prévoyance professionnelle.
Le Conseil fédéral va prendre contact avec les principaux acteurs du domaine afin d’établir un état des lieux et d’identifier les domaines d’amélioration. Certains aspects de la réforme comme le seuil d’entrée ou le salaire assuré n’étaient par exemple pas contestés et pourraient être reconsidérés.
«Occasion ratée»
«On est passé à côté d’une occasion pour les plus de 360’000 personnes concernées», a regretté la conseillère aux Etats PLR fribourgeoise Johanna Gapany. Selon elle, cette réforme était compliquée à expliquer.
«On va devoir se remettre au travail. La mission reste la même, car aujourd’hui, il y a de plus en plus de personnes qui travaillent à temps partiel ou qui cumulent plusieurs jobs et qui ne touchent pas de rentes ou des rentes trop petites», a-t-elle relevé.
Pour le PLR, des déficits gigantesques sont programmés. Il s’engagera donc pour «la sécurité des rentes avant toute extension des prestations». L’UDC estime aussi que la prévoyance professionnelle personnelle ne doit pas être touchée. Le parti juge les plans d’extension de la gauche totalement irresponsables et préjudiciables au modèle des trois piliers.
Plus de solidarité
Pour la gauche, le non du peuple sonne comme une leçon pour la droite. «Les partis bourgeois ont perdu la confiance de leur base», estime le président de l’Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard. Le message du peuple est clair: il veut une amélioration des rentes, pas leur dégradation.
«Le seul moyen d’améliorer les rentes des petits salaires, c’est de mettre une dose de solidarité dans le système», a martelé le Vaudois. C’était le compromis de départ auquel étaient parvenus les partenaires sociaux et qui a été détricoté au Parlement.
«Nous devons maintenant renforcer durablement les rentes et introduire une compensation automatique du renchérissement, également pour les rentes existantes», a déclaré pour sa part Mattea Meyer, co-présidente du PS. Les Vert-e-s s’engageront pour des bonifications pour tâches éducatives et d’assistance, solidairement financées.
Les solutions de l’économie
L’Union suisse des arts et métiers (usam) déplore le rejet de la réforme. Dans ce contexte, la faîtière ré-clame une révision «ambitieuse» de l’AVS. Elle va se battre pour un relèvement progressif de l’âge de la retraite, ce qui permettra de renforcer aussi le deuxième pilier.
L’alliance économique, qui était opposée à la réforme LPP, veut, elle, relancer une réforme. Le comité estime qu’une baisse échelonnée du taux de conversion pourrait contribuer à éviter des réductions de rentes substantielles. Et les pertes causées par l’abaissement du taux de conversion doivent être compensées de manière ciblée.
L’Association suisse des Institutions de prévoyance (ASIP) plaide, elle, pour une pause dans les réformes afin de restaurer la confiance, sérieusement ébranlée à l’égard du deuxième pilier. Avec ce rejet, c’est la troisième fois après 2010 et 2017 qu’un projet sur la prévoyance professionnelle échoue.
Le Courrier, 22 septembre 2024
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