Elu·es invité·es à contrer La Poste

Des déserts postaux sont redoutés dans l’arc jurassien avec la fermeture annoncée de plus d’une vingtaine d’offices. Le bras de fer est d’ores et déjà engagé avec Syndicom. Jean-François Donzé était samedi devant un bureau de poste à Bienne avant d’embrayer hier dans les communes visées par La Poste dans le Jura.

Le clap de fin qui pend au bout du nez de plus d’une vingtaine d’offices postaux à travers l’arc jurassien pourrait enclencher des opérations «escargot» pour freiner ces fermetures. Syndicom s’y emploie. Secrétaire régional du syndicat des employé·es de la poste dans cette zone géographique, Jean-François Donzé a commencé depuis quelques jours déjà à rendre visite aux autorités des communes visées par la décision du géant jaune de supprimer 170 offices en Suisse d’ici à 2028. Dans un canton du Jura qui n’en compte déjà plus que dix-sept, huit sont menacés d’être supprimés. Voilà qui ressemble à une saignée.

Poussant ses revendications au-delà de ses frontières syndicales, Jean-François Donzé est allé crier samedi à Bienne au «démantèlement du service public» devant des offices en sursis. Une lettre a circulé appelant population et classe politique à s’y opposer.

Remonter à la Postcom

Ce fervent défenseur du service postal universel s’est rendu ensuite lundi aux Breuleux, dans les Franches-Montagnes, lieu de résidence de la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, pour prendre langue avec l’exécutif et se faire une idée plus précise des besoins. «Cet office enregistre entre 80 et 100 opérations par jour en moyenne, dont une partie doivent être contresignées. Le jour où il fermera, la clientèle pourrait devoir aller jusqu’au Noirmont ou à Saignelégier, à plusieurs kilomètres, pour retirer des colis. Ce ne sera pas tenable pour une partie des gens et occasionnera des contraintes de déplacement impactant l’empreinte carbone et le portemonnaie. Le personnel de La Poste sera, lui, muté ailleurs», résume-t-il au Courrier.

Elu·es invité·es à contrer La Poste

«Nous attendons une prise de position des collectivités publiques» Jean-François Donzé

Le géant jaune assure ne vouloir licencier personne. Ex-employé de La Poste lui-même, Jean-François Donzé s’échine à convaincre villes et communes de faire opposition auprès de la Commission fédérale de la Poste (Postcom). «Un moyen de ralentir le processus d’au moins un an et demi à deux ans. Nous attendons une prise de position des collectivités publiques», explique-t-il.

Il entend procéder de la sorte également dans le canton de Neuchâtel où onze offices sont menacés. Et dans le Jura bernois où cinq bureaux sont en péril. Autre solution avancée par le syndicaliste: s’attaquer à l’ordonnance sur La Poste qui encadre ses prestations et son mandat. «Il faut changer cette loi sans quoi La Poste continuera encore de faire comme bon lui semble», brandit-il.
«Non négociables»

Outre Les Breuleux, les offices de Courgenay, de Courtételle, de Glovelier, de Lajoux, de St-Ursanne, et ceux de Porrentruy-Chaumont et de Delémont-Ville sont condamnés à terme. A St-Ursanne, on craint que cette disparition laisse toute la région du Clos du Doubs dans l’embarras. «Nous tenons à ce que la distribution soit assurée sur l’ensemble du territoire. Mettre fin à certains offices pourrait être non négociable», a déclaré fin octobre devant le Grand Conseil le ministre jurassien David Eray, chargé du dossier, sans dévoiler comment son gouvernement allait s’y prendre.

La Poste ne s’est pas donné la peine d’avertir le gouvernement jurassien, ce qui lui a laissé un goût amer. «Il est important que le service universel soit garanti dans un canton peu urbanisé comme le nôtre», a précisé le ministre, relevant que les temps ont néanmoins changé et que les partenaires que le géant jaune lui aurait soufflés à l’oreille pouvaient convenir. Mais attention, avertit Jean-François Donzé, «qu’il s’agisse d’épicerie, de petit commerce ou de pharmacie, les nouveaux lieux de dépôt doivent ouvrir six jours sur sept pour correspondre à un service public qui fonctionne. Et engager du personnel en conséquence. Reste qu’avec ce système de sous-traitance, les salaires ne sont plus régis par une convention collective de travail», déplore-t-il.
Thème moins porteur

Dans le canton de Neuchâtel, un mouvement citoyen était parvenu il y a une vingtaine d’années à faire vaciller le géant jaune en sauvant l’office postal de Neuchâtel/Serrières, lequel est à nouveau dans le viseur. Membre du comité du soutien au maintien de cet office, Olivier Forel ne pense pas le thème soit aussi mobilisateur aujourd’hui. «Nous avions réuni 14’000 signatures en peu de temps à Neuchâtel. Avec la fracture numérique qui n’est plus aussi grande, nous n’aurions pas de nos jours le même succès.»

Ce qui le révolte est le désert postal qui se prépare dans l’ouest du chef-lieu. «Un seul office restera à Peseux», décrit-il. Quant au bureau de Serrières sauvé au tournant du millénaire et repêché il y a quatre ans faute de partenaire, son démantèlement a déjà débuté. «Car La Poste y a déjà réduit les heures d’ouverture et découragé des porteur·ses de lettres», conclut-il.

Le Courrier, 19 novembre 2024, Alain Meyer

0 commentaire à “Elu·es invité·es à contrer La Poste”


  1. Aucun commentaire


Bad Behavior has blocked 472 access attempts in the last 7 days.