Mobilité durable en difficulté

Malgré le rejet de l’extension des autoroutes, le développement des transports publics se heurtera à de nombreux défis en 2025. Les priorités de l’Association transports et environnement pour 2025? Faire barrage aux coupes dans les transports et aux attaques contre le 30 km/h.

Après les cris de joie du 24 novembre dernier, au moment où le peuple suisse refusait les 5 milliards de francs pour les projets autoroutiers, les défenseurs d’une politique durable des transports adoptent aujourd’hui un ton plus grave. Jeudi, l’Association transports et environnement (ATE) a présenté ses priorités pour 2025. Elle prend une position défensive: il s’agira avant tout de faire barrage aux coupes dans les transports et aux attaques contre le 30 km/h.

Des craintes se cristallisent autour de la volonté du Conseil fédéral de réduire sa contribution de 60 millions de francs par an dans le transport de voyageurs. «Ces 60 millions sont une goutte d’eau dans le budget fédéral, mais auront des effets dramatiques au niveau local, notamment pour les cantons de Vaud, Valais et Neuchâtel», avertit David Raedler, co-président de l’ATE. Des bus qui desservent des villages, mais aussi des trains régionaux comme la ligne Morges-Bières-Cossonay ou celle qui relie Yverdon à Sainte-Croix, seraient en danger en cas de coupe fédérale. «Le risque est que nous ayons des zones oubliées des transports publics, alors que ceux-ci jouent un rôle social important», poursuit-il.

Le parlement s’est jusqu’ici montré sceptique face aux coupes proposées par le Conseil fédéral dans les transports publics mais le combat n’est pas terminé. Le rapport Gaillard, qui s’est penché sur les économies possibles dans le budget fédéral, veut sabrer 200 millions de francs chaque année dans le fonds ferroviaire (contre 117 millions pour le fonds routier). «Il est inadmissible de couper davantage dans le rail que dans la route», réagit David Raedler.

Investir dans les projets d’agglomération

L’ATE demande au contraire d’investir davantage dans les projets d’agglomération, qui comprennent le développement des transports publics et de la mobilité douce, et notamment du tram. «Dans les centres urbains, le tram représente une alternative efficace à la voiture, notamment pour les pendulaires», défend David Raedler. L’association réclame que la Confédération contribue à 70% au financement du tram, contre 30 à 45% aujourd’hui. «En refusant les projets autoroutiers, le peuple a donné un signal au Conseil fédéral. Il faut investir dans les transports publics», martèle son co-président.

Dix ans après l’Accord de Paris sur le climat, la Suisse accuse un immobilisme dans le domaine de la mobilité

Dix ans après l’Accord de Paris sur le climat, la Suisse accuse un immobilisme dans le domaine de la mobilité. «Les gains d’efficacité des véhicules neufs ont été anéantis par l’augmentation des kilomètres parcourus et par des voitures toujours plus grandes et plus lourdes», souligne Thomas Ruckstuhl, vice-président de l’ATE. Les transports représentent pourtant un tiers des émissions de CO2 de la Suisse, sans compter le trafic aérien international. Face à une transition trop lente vers la mobilité électrique, l’ATE plaide pour que la redevance sur ces véhicules «ne soit pas introduite trop tôt». «Au lieu d’être prélevée en totalité dès le départ, la taxe doit être échelonnée dans le temps», défend le vice-président.

L’association luttera également contre la volonté du parlement et de plusieurs cantons de freiner le développement du 30km/h. L’année dernière, les Chambres ont adopté une motion libérale-radicale visant à restreindre son introduction sur certaines routes. Un projet de loi doit être élaboré. A Genève, Zurich, Bâle et Lucerne, des initiatives cantonales combattent aussi la réduction de vitesse. «Ces attaques vont dans la mauvaise direction, elles menacent des acquis précieux pour la qualité de vie des habitants», estime Jelena Filipovic, co-présidente. Elle relève les bienfaits du 30km/h contre le bruit, contre les accidents graves, pour la sécurité des cyclistes et des piétons.

Qu’en est-il du coût des transports publics, importante préoccupation des usagers et usagères? Après que les initiatives pour la gratuité totale ont été déboutées par le Tribunal fédéral, l’ATE appelle à des gratuités ciblées, à l’instar de ce qu’a instauré le canton de Genève pour les jeunes jusqu’à 24 ans. «Le prix est un critère important pour le report modal, en particulier pour les familles. Nous devrons être créatifs», conclut David Raedler.

Le Courrier, 9 janvier 2025, Sophie Dupont

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