Un matin de mi-octobre. Il est 9 heures. C’est l’heure de l’ouverture de La Poste de la Riponne, seul office postal du centre de Lausanne. Une file d’usagers attend déjà devant l’entrée. A l’intérieur, le local est plein. Deux places assises seulement, occupées, évidemment. J’avais pourtant choisi de venir dans cet office au milieu du mois… et de m’y présenter dès l’ouverture.
Heureusement, la pièce est entourée de banquettes en bois, derrière lesquelles se dressent contre le mur des panneaux de présentation de prospectus, brochures, etc. Je m’assieds péniblement, car les banquettes sont basses, cela me permettra d’attendre mon tour tout en ménageant mes jambes. Je regarde autour de moi. Bizarre : tous les usagers, stoïques, sont debout, personne ne profite des banquettes. Serait-il interdit de s’y asseoir ? Mon tour finit par venir, je paie mes timbres et je m’en vais.
Quelques jours plus tard, de retour dans ce même office, toujours en tout début de matinée. La salle est comble… Comme les deux seules places assises sont occupées, j’avise les banquettes. Tiens ! On y a placé des petits cactus en pot tous les 40 cm environ. C’est joli mais… Soyons logiques : les clients de ce bureau sont en majorité des personnes âgées – qui, elles, ne font pas leurs paiements en ligne – et DOIVENT donc disposer de places assises. Il me revient en mémoire qu’un membre influent de la poste aurait déclaré que l’office de la Riponne n’était pas fait « pour y stationner »… Bref. Les cactus en plastic peuvent attendre.
J’en pousse un ou deux pour m’asseoir. Un malaise s’installe. On me regarde d’un Å“il noir, mais personne n’ouvre la bouche. Fin octobre, j’ai une démarche à faire d’urgence, toujours dans l’office de la Riponne. Impossible d’éviter la cohue. J’entre et me dirige tout de suite vers les fameuses banquettes. Je pousse un des petits cactus… Stupeur et tremblements ! La plante est COLLEE ! Et la vingtaine d’autres pots aussi ! Pourtant, je n’ai vu, à ce jour, aucun panneau interdisant de poser son séant sur les fameuses banquettes !*
Vers la fin novembre, je dois récupérer un recommandé, toujours dans cet unique office du centre-ville. A 9 heures, une queue patiente devant l’entrée. Cette fois je prends mes précautions. J’observe dès l’entrée – à 9 h 03 : comme d’habitude, le local est déjà plein. Je tire un billet comportant mon numéro de « client ». Numéro 33 ! Ce qui signifie que 33 personnes sont déjà entrées, alors que la poste est ouverte depuis 3 minutes ! Je remarque que les deux seules places assises, elles sont toujours bien là – pour 33 personnes…
Toutes ces mesures sordides et dérisoires témoignent de l’indifférence et surtout du mépris de La Poste pour les usagers, qu’elle ne considère plus que comme des « clients », tout juste bons à faire la queue et à payer. La Poste, qui pousse l’arrogance jusqu’à choisir le cactus pour mieux se faire comprendre, ferait mieux de cesser de fermer nos offices à tour de bras et de se souvenir que même avec une majuscule, La Poste reste un service public.
*J’apprendrai plus tard que des panneaux avaient été posés antérieurement et qu’ils ont été enlevés,
de même que les cactus.
Nicole Matthey
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